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Le Hellfest par Théophane Day 1

Hellfest Day 1

 

Cela fait 3 ans que nous n’étions pas revenu au Hellfest et c’est sous un soleil de plomb (qui ne nous fera pas défaut pendant trois jours) que nous découvrons le nouveau site. Evacuons tout de suite le sujet qui divise : oui le Hellfest, c’est Disneyland, comme le Wacken, c’est Europa Park. On aime ou pas mais force est de reconnaître que la déco mise en place est une nouvelle fois grandiose et que désormais ce coté Too Much fait partie de la signature visuelle du Hellfest. Ce n’est pas ici que nous réglerons le débat entre les pour et les contre (ou entre les pour et contre les déguisements par exemple), le Hellfest s’étant engagé dans cette voie de toujours plus, il y a peu de chance que l’organisation fasse marche arrière… Si on apprécie pas la démesure, il y a désormais pléthore de festival plus roots prêt a accueillir les nostalgique du Fury…

Pour nous, ce premier jour début avec Armored Saint sur la Main Stage 1. S’il y a bien une qualité à leur reconnaître, c’est que le combo ne se prend pas la tête. Heureux d’être là, les américains balancent leur Heavy avec conviction en piochant dans toute les période de leur longue carrière. John Bush chante toujours aussi bien et en toute décontraction tandis que les autres musiciens assurent le boulot avec brio. Pour ses membres, Armored Saint est avant tout un groupe pour se faire plaisir et nous en profitons pleinement avec eux. C’est ensuite au tour de Godsmack d’envahir la scène. Là encore, il n’y à pas grand-chose à reprocher à l’attitude du groupe, tant les musiciens font preuves de professionnalisme. Godsmack a de la bouteille (le groupe tourne depuis plus de 20 ans) et cela se voit. Pourtant on ne peut s’empêcher de penser qu’il manque un petit quelque chose à cette prestation pour vraiment emporter l’adhésion du public. Ca joue bien, le soleil brille, les oiseaux chantent, on crame des mecs, c’est festif, mais on n’en retient pas grand-chose à l’heure du bilan. Ce qui n’est pas le cas de Billy Idol, mais malheureusement pour lui, ce n’est pas très positif. Car l’ami Billy est à la ramasse dès le début du show. Mais est-ce raisonnable de sortir tout le barda de cuir par un temps pareil ? Il ne se rappelle pas de 2003 ? Sortez les brumisateur car Billy a chaud et du coup il chante mal. Pourtant on connaît ses tubes comme ce « Dancing With Myself » (repris dans une pub pour une Mutuelle, ça pourrait lui servir) et on aurait envie de faire la fête mais sur ce coup là, on passera notre tour. De plus, le son est très médiocre et cela nous encourage plutôt à aller faire le tour du propriétaire, où l’on constate que les arbres offriront une ombre plus que bienvenue tout au long du week-end, que le site est particulièrement bien achalandé en toilette propre de tout genre et en point d’eau (quel progrès tout au long de ces années), que les stands de nourriture sont relativement varié (du camion quick au stand végétarien) pour a peu près toute les bourses et que le Metal Market ressemble à un Metal Market, avec toujours les même fringues, CD et autres accessoires visibles en festival… Un peu dommage mais au moins ça nous évite de faire des folies que notre banquier n’approuverait pas. Autant aller dépenser l’argent au bar avec notre super carte Cashless, système qui remplace très avantageusement les jetons et qui malgré nos craintes initiales a fonctionné parfaitement tout au long du festival. Bravo ! Nous revenons alors devant les grandes scènes pour voir d’autres papys du Rock. Et là aussi le constat est implacable et avec tout le respect du à leur âge et à leur carrière : Motörhead doit arrêter de se produire sur scène. C’est cruel pour ceux qui n’auraient pas encore vu la légende sur scène, mais justement il ne faut pas ternir cette légende par une fin de carrière aux allures d’hospice. La légende faut que ça soit classe, que ça pête un peu (quitte à en rajouter dans les superlatif), que ça mérite d’être vu, lu et entendu. Là, on a de la peine à voir Lemmy se traîner sur scène et chanter avec difficulté. Phil Campbell aussi semble aussi à la peine et seul Mikkey Dee met encore du cœur à l’ouvrage. Non pas que le groupe ne veut plus se donner à fond, c’est juste qu’il ne peut plus. Et même si l’ambiance dans le public est excellente (la foule, énorme en cette fin d’après midi soutient Motorhead avec force et respect), que la set-list déroule son lot de glaviot légendaire, force est de reconnaître que le temps a gagné et qu’il faut désormais que Motorhead nous disent au revoir. C’est triste mais c’est inévitable… D’autres ont la patate et parmi eux Lamb Of God, tout heureux d’en découdre sur scène après les déboires judiciaires de son chanteur Randy Blythe. Pour autant encore une fois, la sauce a du mal à prendre, la faute tout d’abord à un son manquant clairement de puissance sur cette Main Stage 2. Si cela s’améliore un peu tout au long du set, on reste tout de même déçu dans l’ensemble, car la musique de Lamb Of God mérite un son exemplaire afin de nous laminer la tête. C’est tout du moins ce que nous attendions. Contrat à moitié rempli pour l’Agneau de Dieu qui certes a déclenché de magnifiques circle pit mais sans non plus être le rouleau compresseur qu’il se devait d’être. Peut-être un poil chafouin par le fait de jouer en fin d’après midi alors qu’ils étaient initialement prévus à 22h05, le groupe s’en sort avec les honneurs mais encore une fois, nous restons un peu frustré. Un concert correct mais rien d’exceptionnel à se mettre sous la dent. Heureusement un homme va illuminer notre journée à lui tout seul. J’ai nommé le grand et unique Aliiiiiiiiiice Coooooooper. Voilà la preuve unique qu’on peut encore être monstrueux après plus de 40 ans de carrière. Suivi par un backing band en grande forme, Mr Alice n’a pas tout a fait sorti le grand jeu en terme de show. Seulement décapité en fin de concert ou encore manipulé par une infirmière psychopathe, Alice Cooper a presque fait dans la sobriété (je dis bien presque). Et quand on enlève le côté spectaculaire d’un show de Mr Cooper que reste-t-il ?? Une putain de collection de hit totalement imparable, chantés de main de maître par Alice et repris en choeur par un public en liesse : « Million Dollar Babies », « School’s Out », « Poison », « I’m Eighteen », « Feed My Frankenstein », n’en jetez plus tout est bon. Et que dire du retour inattendu de « Hey Stoopid » dont les Hey Hey Hey Hey résonne dans tout le site….Sans aucun doute le meilleur show du vendredi et l’un des souvenirs les plus mémorables de ce Hellfest. Thanks A Lot Mr Cooper !!!!! La nuit commence à tomber quand Five Finger Death Punch monte sur la Main Stage 2 et on apprécie pour la première fois de la journée un très joli Light Show. Les musiciens, lookés à gogo, envoient leur Death Mélodique Moderne (en gros FFDP, c’est du Soilwork à l’américaine) avec le sourire et le public répond présent. Car le combo incarne à lui seul une spécificité typiquement américaine qui se résume en un mot : l’entertainment. Sourire permanent, communication avec le public, riff d’une efficacité absolue, gros choeurs mélodiques, on sent bien que tout ça est « écrit » et répété à l’envie sur toutes les scènes, mais même en sachant ça, on ne peut s’empêcher d’admirer le parfait huilage de cette machine. Five Finger Death Punch c’est comme Barack Obama dans un Late Show de la télé américaine, c’est drôle, parfaitement maîtrisé, et le public ne peut que se prendre au jeu. Et contrairement à un président dans un talk-show, pas besoin de traverser l’atlantique pour voir ça. FFDP ou l’incarnation de l’une des facettes les plus fascinantes des US, une vraie leçon de sociologie métallique… Nous allons ensuite voir ce qui se passe sur les scènes extrêmes en allant regarder Satyricon sur la Temple. Cette année, Altar et Temple sont dans deux tentes distinctes et le public peut assister au concert des ces deux scènes grâce aux écrans géants situés juste à l’entrée (il ne manque plus qu’un écran sur la Warzone pour que toutes les scènes soient couvertes, mais nous y reviendrons plus tard). L’espace est assez vaste même si certains show afficheront complet très vite les jours suivants. Nous reprocherons juste que le bar situé dans ce coin provoque parfois des cohues qui empêchent de bien circuler. Mais revenons à Satyricon qui sans surprise et sans fioritures délivre un concert exemplaire (comme toujours avec eux serait-on tenté de dire). Le son est excellent, les light show (à forte tendance jaune) sublimes et le combo délivre son Black varié et entraînant en tapant dans sa désormais longue discographie. Une jolie claque qui nous rappelle indéniablement celle de 2006 quand en plein après-midi, Satyr, Frost et leurs sbires atomisaient la grande scène du premier Hellfest. 10 ans plus tard, la boucle est bouclée et Satyricon est toujours au top. Nous revenons sur la Main Stage 1 pour assister de loin au concert de Judas Priest. Autant l’avouer d’emblée, nous n’avons jamais été de grands fans du Priest. La dernière fois que nous les avions aperçu, c’était à Wacken il y a quelques années, et nous avions passé rapidement notre chemin. Pourtant ce soir, la magie opère car Judas Priest sort un show sublime, les lumières sont à la hauteur du son et le groupe joue parfaitement. Rob Halford, s’il n’a plus la forme de ses 20 ans (il faut dire que les tenues tout en cuir et en métal qu’il arbore ne sont pas des plus pratiques pour bouger sur scène) chante comme un Dieu (le Metal God, c’est lui) et seules notes quelques notes suraiguës sont atteintes avec difficulté. Derrière lui, Judas se démène et Richie Faulkner (remplaçant de KK Downing parti en 2011) apporte indéniablement une bouffée d’air frais et d’énergie à ce groupe qui aurait pu s’encroûter avec les années. Non le Priest est bel et bien vivant et l’affirme haut et fort (et puis il y a toujours ce frisson qui parcourt la foule sur « Painkiller » et rien que pour ça…). Nous allons ensuite nous prendre des déluges de notes avec Messhugah sur l’Altar. L’accès est un peu difficile (la tente est bondé) mais nous prenons tout de même plaisir à nous prendre en pleine poire cette avalanche de riff. Dommage tout de même que la voix du hurleur Jens Kidman ne soit pas du même acabit (par rapport à ses compères musiciens, ça manque vraiment d’originalité), car à la longue celle-ci finit vraiment par lasser. Cette dernière journée s’achève avec Slipknot et avouons-le, ce show a divisé le petit groupe que nous étions. Si certains ont trouvé le groupe mou, avec une set-list faisant trop la part belle aux derniers albums, manquant sincèrement de folie et avec un Corey Taylor trop Stonesourien (Oui Stone Sour est très mélodique, il faut faire avec), d’autres (dont je suis) ont vraiment apprécié, car Slipknot sait faire le show malgré tout. Alors oui le combo est dans une certaine routine, oui son nouveau batteur n’a pas la frappe sèche et incroyable de Joey Jordison (et à ce niveau Slipknot rentre dans le rang quand avant il était exceptionnel), oui Slipknot n’a pas la colère du show du Sonisphère (quand il venait de perdre son bassiste Paul Gray et que les autres membres avaient ressortis les combinaisons de 1999) mais non Slipknot n’est pas à jeter. Ceux qui regrettent la folie des débuts doivent aussi y regarder de plus près. Car le virage mélodique, Slipknot l’a entamé avec Vol 3 The Subliminal Verses, sorti en 2003 (j’ai réécouté cet album en rentrant du Hellfest pour m’en convaincre), cela fait donc bien longtemps que le groupe a changé et évolué passant du cirque infernal au show Metal calibré mais ô combien impressionnant. Et il reste toujours ses hits en fin de show mettent tout le monde d’accord malgré l’absence totalement incompréhensible de « People = Shit ». C’est sur ce débat hautement philosophique (Slipknot est-il toujours Slipknot ?? Ou encore quelle est la portée symbolique de neufs gars masqués de l’Iowa dans notre monde actuel ??) que nous rentrons dans nos pénates, car la suite s’annonce très chaude…

 

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