Bysshe est un groupe de rock originaire des Fourgs (25). Le webzine est orienté metal (ah bon ?) mais ça n’empêche pas de parler de groupes un peu plus softs. Les ayant vu à plusieurs reprises je tenais à réaliser cette interview ! Je vous laisse avec Quentin (chant / guitare) et Théo (basse). Ce fut un réel plaisir de se poser pour parler avec eux de ce projet musical.
Salut Bysshe merci de répondre à cette interview pour Metal In Franche Comté. Pouvez-vous, d’abord, présenter votre groupe ?
Quentin : Salut Metal In Franche Comté, merci de nous recevoir. Bysshe est un groupe de rock psychédélique, on vient des Fourgs (25). Nous sommes quatre musiciens, trois originaires des Fourgs, Théo mon petit frère, Fernand et moi même. Elodie vient du plateau de Levier. Le groupe s’est formé en 2015, on a sorti un premier album en 2018, le deuxième en 2020 et ces jours-ci le troisième disque La Sibylle Sur Le Sable.
Vous venez de sortir votre troisième album ce mois ci. Quels sont les premiers retours que vous avez eu de la part des auditeurs et des médias ?
Théo : Des plutôt bons retours, on est satisfait. C’est dans la continuité de ce que l’on faisait avant. On a pris deux / trois risques, enfin non. L’album commence par un morceau de quatorze minutes et ça marche bien. Au niveau des médias, on a des bonnes chroniques.
Le troisième album est souvent considéré comme celui de la maturité. Pour moi c’est le cas, êtes-vous d’accord ?
Quentin : On est assez d’accord là dessus. C’est un album qui fait un peu bilan de ce que l’on a pu faire avant. On a vraiment réussi avec ce disque là à rester dans la continuité et à dépasser ce que l’on a pu proposer avant. On ne s’est pas posé la question de la réception. Même pendant la phase de travail sur les compositions, on a été dans l’optique de faire un album comme on a envie. On fait un album à la Bysshe à 100%. Peut-être qu’un morceau de quatorze minutes va paumer l’auditeur, tant pis, on l’a pensé à notre manière, on y va et on verra ! C’est un disque personnel qui nous ressemble sans se faire influencer notamment par Paul (sourires). Il nous a beaucoup aidé à avoir le son qu’on voulait. Il a été formidable, il nous a écouté et fait le nécessaire pour coller à ce qu’on voulait.
J’ai été impressionné par le morceau d’ouverture de votre nouveau disque. Est-il possible de nous parler de ce titre, de sa genèse. Était-ce un défi de faire un tel titre ou est-ce que ça s’est fait naturellement ?
Théo : Au départ il était en trois parties, les trois allaient bien en terme d’écoute. On a voulu le couper mais au final on en a fait un seul morceau car ça s’harmonisait bien.
Quentin : Il avait été pensé ainsi à l’origine. Un jour en voiture j’ai eu « Xanadu » et la transition dans la tête. J’avais pris mon portable, l’ai chanté et tapais sur mon volant. J’ai cassé mon téléphone peu de temps après, le truc disparaît j’ai dû retrouver ça. Le morceau était pensé pour être reconstitué même s’il est séparé en trois. En post prod. on a dit à Paul « On fait un morceau et même si ça fait 14 minutes ce n’est pas grave, on y va comme ça ! ». C’était un peu le pari.
Théo : C’est vrai que c’est important le premier titre de l’album, t’accroches ou pas. Pour le moment le pari est réussi aussi bien pour les médias que les auditeurs.
« On fait un morceau et même si ça fait 14 minutes ce n'est pas grave, on y va comme ça !" Quentin (Bysshe)
En tout cas c’est audacieux et réussi pour ma part avec ces différents styles. Vous avez travaillé avec Paul Pourchet comme à chaque fois. Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec lui depuis près de dix ans ?
Théo : C’est ça, presque dix ans.
Quentin : Oui, presque dix ans ! Il avait mixé et masterisé le premier album, il était encore à l’école. Il était hyper content qu’on fasse appel à lui. Ça s’est fait comme ça, je ne sais plus qui nous avait parlé de lui.
Théo : Peut-être bien Patrick Racle.
Quentin : On a envoyé à Paul un morceau et on lui a demandé de faire un mix et un master. Ce qu’il nous a proposé était vraiment bien. On était très content de ce qu’il avait fait sachant qu’on avait bossé comme des sagouins sur l’enregistrement, on avait enregistré sur bandes, c’était difficilement exploitable.
Juste pour avoir une idée de ce qu’il pouvait apporter.
Quentin : C’était fun de le faire, Pour le deuxième album il est venu dès le début, on a fait l’enregistrement avec lui et c’était de très bons moments. On a beaucoup ri, il nous apporte son expertise, les placements de micros, la façon de disposer les amplis… On enregistre live. Pour le second disque on a fait basse / batterie live et pour le troisième on a fait basse / batterie / guitare live dans le salon de Fernand (batteur). La pièce est grande avec une mezzanine, des micros étaient hyper loin. Paul était dans la chambre de Fernand et on a fait 5 jours d’enregistrement.
Théo : C’est allé vite.
Quentin : Beaucoup de rigolades. Sachant que lorsqu’on bosse avec Paul il faut prévoir de la bière. Il ne faut pas avoir peur de prendre quelques packs d’avance sinon faut retourner à la superette (rires).
Théo : Pour le deuxième disque il avait un peu moins d’expérience. Concernant le troisième on a fait pas mal d’expérimentations.
Quentin : Oui, on a beaucoup expérimenté avec les micros pour mettre le moins d’effets numériques. On s’est vraiment éclaté avec des micros qui tournent, à mettre les micros sur une perche et à les faire tourner nous même.
Théo : Pour l’anecdote sur le premier morceau du nouveau disque il y a de la Shrutibox. À un moment donné on a l’impression qu’elle tourne, les micros étaient enroulés avec les câbles XLR, Paul les faisait tourner. C’était vraiment de l’expérimentation
Quentin : C’est un instrument à soufflet, j’étais assis pas terre. Paul avait mis la perche au dessus de moi et il faisait tourner les micros en rythme. On s’est amusé au niveau matériel, pareil pour la batterie avec des placements de micros étonnants. Il a essayé des choses pour les effets de guitares, on a utilisé que nos effets pédales, nos amplis. Les lampes étaient violettes, j’avais jamais vu ça. On a eu cette disto bien vintage, cet overdrive de lampes, c’était ultra beau et ultra violent.
Théo : On n’était pas dans la même pièce à ce moment là.
Quentin : Oui ce n’était pas possible d’être au même endroit !
Théo : Paul est vraiment super, humainement et on a toujours bien travaillé avec. Il comprend ce qu’on recherche et ça nous va bien.
Quentin : Exactement, il a bien compris ce qu’on voulait, ça reste assez brut. On ne fait pas d’édit sur ce qui est batterie / percus même les guitares, la basse. On enregistre tout à la file, on veut quelque chose d’organique. On ne fait pas du metal ultra millimétré. C’est une autre approche de l’enregistrement. Quand ça déborde un peu c’est cool.
Nous avions interviewé Paul Pourchet il y a un peu moins de deux ans, vous pouvez (re)lire l’interview ici.
Ça reste humain. Parfait il sera content (sourires). Vous avez fait une campagne de financement, l’une des contreparties était une absinthe Bysshe. Avez-vous participé à son élaboration ?
Quentin : Par rapport à l’élaboration de la recette, c’est le distillateur. On n’y connaît rien et on ne voulait pas faire n’importe quoi. Il a écouté le morceau titre et s’est imprégné de ça. De là il a établi une recette avec de la sauge et des choses qu’on ne met pas forcément dans l’absinthe habituellement. On est allé distiller avec lui et participer de manière symbolique. On a goûté à chaque étape de la distillation. Les arômes sont complètement différents une fois que tout est mélangé. On a vu le processus de l’absinthe en coloration avec des plantes fraîches qui macèrent dedans afin de donner la couleur verte. J’ai pu la goûter avant-hier, elle est vraiment bonne. On est très content et c’est une fierté absolue d’avoir pu faire ça.
C’est ancré dans le terroir.
Quentin : Oui , c’est les Fourgs, le distillateur c’est la famille.
Théo : En plus ça va bien avec la musique que l’on fait, le côté planant. L’étiquette que l’absinthe a.
Quentin : J’espère avoir des retours de personnes qui vont nous dire l’effet que ça fait d’écouter l’album en buvant cette absinthe.
Sera t’il possible d’en trouver dans le commerce au niveau local ?
Quentin : Le distillateur va en vendre. C’est une édition limitée à 180 bouteilles avec un cd pour chaque bouteille vendue. On en aura quelques unes au merch lors de nos concerts. Normalement elle devrait être présentée aux Absinthiades de Pontarlier (4, 5, 6 octobre 2024 à Pontarlier).
Vous avez une dizaine de dates pour commencer la promotion de La Sybille Sur Le Sable d’ici la fin de l’année. C’est déjà beau surtout que vous aviez peu tourné pour le second album à cause de la pandémie. Ça vous fait quoi de retrouver la scène ?
Quentin : C’est cool !
Théo : C’est bizarre, on n’a presque plus l’habitude.
Quentin : On avait pris l’habitude de faire des dates de manière sporadique. Là tout d’un coup y a des concerts qui s’enchaînent bien.
Théo : On a cinq dates en l’espace de quinze jours.
Quentin : Cet album est complexe mais hyper scénique par rapport au disque précédent. On avait eu plus de mal à le faire en live car il manquait parfois une guitare par exemple. Le fait d’avoir enregistré en live complètement aide assurément. On est revenu à quelque chose de plus basique. On est quatre musiciens donc il faut que ce soit jouable à quatre. On a joué au bar de l’U c’était super, il y a toujours du monde, les gens sont sympas.
Théo : Le public était bien à l’écoute.
Quentin : C’est vraiment bien de retrouver tout ça !
Votre musique se veut tantôt psychédélique, tantôt poétique. Avez-vous déjà envisagé de proposer des concerts avec davantage de moyens comme des projections par exemple ?
Quentin : On aimerait bien, on n’a pas forcément les compétences pour faire quelque chose de bien. On n’a pas les moyens d’avoir quelqu’un qui nous le fasse. On aimerait bien avoir un côté visuel psyché. Un peu comme le faisait King Gizzard à l’époque en un peu moins flash. On n’a pas envie de gérer les crises d’épilepsie dans le public (rires).
Théo : Il faut voir le lieu dans lequel on se produit aussi, c’est plus compliqué dans un bar mais ça serait bien, ça pourrait être cool !
Aux gens d’acheter des cd, du merch et aux programmateurs de vous faire confiance.
Quentin : On espère que ça viendra. On a misé tout ce qui nous restait plus le financement participatif qui nous a bien aidé pour cet album là. Pour la pochette, on a demandé à une de mes anciennes étudiantes des Beaux-Arts, j’aimais beaucoup son travail. Je lui ai demandé si elle voulait bien la faire. Elle produit des choses de qualité donc on a voulu la rémunérer de la manière la plus juste possible. Elle a fait un gros travail, c’était une belle collaboration avec Camille.
Théo : On a des frais supplémentaires puisqu’on veut faire des vinyles. À produire ce n’est pas donné mais pour nous c’est impensable de sortir un album sans proposer un vinyle.
Quentin : Si un jour on ne fait pas de vinyle on ne sort pas de cd. Au merch on voit que les gens achètent davantage un vinyle qu’un cd. En plus avec le vinyle il y a le cd. S’ils ont encore une vieille voiture comme nous ils peuvent l ‘écouter.
Théo : C’est le problème du cd, certaines personnes n’ont plus rien pour les lire.
Quentin : La plupart des gens qui achètent c’est pour l’objet. Pour notre nouvel effort, quelqu’un qui achètera le vinyle aura les paroles, quelqu’un qui achète le cd aura un petit texte d’ambiance non présent dans le vinyle. Au final c’est complémentaire entre les deux objets. On a sorti un morceau en numérique uniquement pour les participants au financement participatif. Il n’est pas présent physiquement puisqu’on était au bout du vinyle niveau durée.
Théo : On fait des albums « assez courts ». Le but était de proposer un petit cadeau aux gens qui nous soutiennent.
"Au merch on voit que les gens achètent davantage un vinyle qu'un cd. En plus avec le vinyle il y a le cd." Quentin (Bysshe)
On peut imaginer que l’année 2025 sera consacrée aux concerts, avez-vous des dates à annoncer en exclusivité ou pas encore ?
Théo : Pas encore, on a pas mal de contacts via le label on verra ce que ça va donner. Si on arrive à faire une vingtaine de dates en 2025 avec des festivals ça serait cool. Pas d’exclu, désolé (rires).
Êtes-vous satisfait de votre signature avec M&O Office ?
Théo : Le label gère la distribution des cd et du numérique. C’est assez pratique et c’est facile pour l’auditeur de trouver Bysshe aussi bien sur les plateformes d’écoute qu’en magasin type Fnac. Cultura. Grâce au label on a des chroniques, on en a eu quelques une principalement sur des webzines axés metal mais aussi sur Rock & Folk. On était avec eux pour le deuxième album et on était satisfait. Pour notre nouveau disque ça s’est fait naturellement.
C’est un soulagement pour la gestion, la promo etc
Quentin : Une fois que c’est pressé, ils reçoivent la moitié et ils gèrent. Théo gère beaucoup donc ça permet de le soulager.
Théo : On n’a pas d’expérience avec un autre mais ça se passe très bien.
Quentin : On a un bon contact avec le patron du label.
Le délai entre le deuxième album et le troisième album a été plus long qu’entre le premier et le deuxième. Avez-vous déjà des nouveaux morceaux pour un quatrième album ?
Quentin : J’ai deux petites idées de riffs qui traînent. Je vais les laisser mûrir. Là j’ai eu un moment de blanc assez long.
Théo : On a mis du temps pour enregistrer le premier et à ce moment là on avait déjà les morceaux du deuxième album.
C’est vrai qu’à titre personnel j’ai découvert au premier album et moins de deux ans après il y avait le deuxième, c’était rapide.
Théo : On a beaucoup joué pour le premier album avec déjà des titres du second album.
Quentin : Maintenant on a trois albums et on peut moduler notre set en fonction des concerts.
Que peut-on souhaiter à Bysshe pour la suite ?
Quentin : Plein de concerts, des belles dates, que les gens apprécient l’album. Des bons moments avec le public.
Théo : On aimerait que ça continue de se développer
Avis perso, ça serait mérité.
Théo : Merci, on aimerait jouer un peu plus en dehors de la région.
Au niveau national voire international.
Quentin : On pense qu’on aurait des billes à jouer en Allemagne, en Belgique. Le public Français est difficile à cueillir dans notre style.
Théo : Particulièrement dans le Haut-Doubs.
Quentin : Il y a beaucoup de gens qui sont curieux et ont bon goût mais on les connaît tous. Pour attirer les autres c’est compliqué !
"On aimerait jouer un peu plus en dehors de la région." Théo (Bysshe)
Traditionnelle question, vos dernières claques en live et en album ?
Théo : Je pense que c’est DeWolff.
Quentin : Oui je suis d’accord.
Théo : C’est un groupe Néerlandais, ils sont trois sur scène. Ils font un rock blues bien énervé. On les a vu deux fois, une fois à l’Antonnoir en première partie de Birth Of Joy, je sais pas si tu connais.
Non, pas du tout.
Théo : C’est le même genre de groupe, des frappés ! Il y a une année ils ont fait 270 dates ! Ils ont splitté depuis. Sur scène c’était des monstres. On les avait revu à Scey-Sur-Saône .
Quentin : J’ai revu DeWolff aussi à Paris en première partie des Black Crowes à l’Olympia. C’était une bonne calotte aussi !
Théo : En ce moment le dernier King Gizzard & The Lizard Wizard je sais pas si tu connais.
Non plus.
Théo : C’est pareil, ils peuvent sortir trois, quatre albums par an. Ils peuvent faire plein de styles différents.
Quentin : Tout ce qu’ils font est excellent. Ils ont fait un album de speed metal et le suivant était composé uniquement de claviers (rires), une sorte d’électro bizarre.
Théo : Ils ne cherchent pas à plaire et font ce qu’ils aiment !
Quentin : En album The Thorn de Large Plants m’a beaucoup marqué. C’est le groupe du chanteur de Wolf People qui avait splitté il y a quelques années. Il a sorti deux disques depuis et le dernier est vraiment bien. Je suis dégoûté le lapin a croqué dans le vinyle, dans la pochette, jétais furax (rires).
Théo : Le dernier Blue Pills.
Quentin : je ne l’ai pas encore écouté.
C’est cool j’ai plein de choses à découvrir !
Théo : Blue Pills c’est les anciens de Radio Moscow.
Quentin : Radio Moscow c’était bien énervé aussi. J’écoute beaucoup de choses différentes, le dernier Heilung m’a soufflé. J’avais adoré les deux premiers et celui là m’a soufflé.
En live c’est assez impressionnant. Je connais pas sur disque mais je les avais vu au Sylak en 2023 c’était vraiment bien.
Théo : Je pense qu’en live ça doit être bluffant.
Quentin : Il y a des groupes que je veux voir mais ça demande de l’organisation parce que parfois ça demande de partir loin.
Théo : On a la chance d’avoir la Suisse à côté. On avait vu Black Mountain à Lausanne.
Quentin : Lightning Dust aussi en live.
Théo : Il y en a pas mal !
Quentin : Sun O))), ça me plairait de les voir en live. Savoir comme réagir face à cette trame, les harmoniques. Qu’est ce que ça va développer dans la tête, ça m’intrigue ! Je m’intéresse à tout ce qui expérimental d’une manière générale.
Merci d’avoir répondu à cette interview et à bientôt !
Quentin et Théo : Merci à toi !