Live Report 13 décembre 2024 Tétras + Zehef + Proudhon aux PDZ
Une soirée concert dont, il faut le souligner, les profits étaient destinés à une association de soutien à la Palestine
Le public pouvait trouver de l’info et du merch sur une table à l’entrée.
Entre le froid, les routes verglassées, les rhumes et le manque de soleil, on aurait pu s’attendre à une faible fréquentation malgré une si belle affiche en cette toute fin d’année. Notamment avec l’annulation de Potence, qui fit quelques déçus.
Pourtant, arrivée un peu en retard (il faut savoir se faire désirer… ou mieux s’organiser !) j’ai bien cru rester à l’étage sans pouvoir accéder à la célèbre cave des PDZ, pleine à craquer. Patatras, j’ai donc manqué Tétras !
Mais les orgas (939k15) ont eu le bon goût de partager des vidéos extraites de la soirée, vous pouvez donc vous faire une idée :
La soirée s’améliore avec la libération de l’escalier menant sous le capot pour le second groupe.
Le concernant, autant l’affirmer d’emblée, je n’ai aucune objectivité. Déjà, parce que la découverte de Proudhon, l’auteur, au début de mon adolescence, a été un moment fondateur pour moi, aboutissant à ma fréquentation des squats punks dégueulasses du milieu underground. Un groupe qui s’en inspire possède à mes yeux un argument de séduction massif. Comme une offrande de 8.6 tiède dans un gosier sec.
Ensuite, parce que je suis tombée amoureuse de ce groupe depuis la première fois que je les ai vus sur scène. C’est comme ça, un coup de foudre, ça ne s’explique pas. Je vais quand même essayer de vous décrire leur prestation, pour vous donner vous aussi envie d’aller les voir : sur ce coup-là je suis partageuse.
Proudhon (faut-il encore les présenter ?) c’est un trio basse – batterie – guitare, dont une des originalités est que le chant est (fort bien) assuré par le batteur. Ce sont des musiciens encore jeunes mais déjà bien expérimentés, avec plusieurs tournées en dehors de nos frontières à leur actif. Les titres sont courts, efficaces, intenses, néanmoins complexes et variés, ce qui les différencie d’un grind bas de plafond (qu’on aime bien aussi, soyons honnêtes). Les musiciens sont très à l’aise techniquement. Une grande complicité artistique semble les lier, ce qui transparaît dans le jeu de scène, notamment entre le bassiste et le guitariste, toujours en mouvement et dont les gestes se repondent. Ils donnent l’exemple à un public qui ne se fait pas prier pour remuer de la tête et du corps. La (petite) salle est bien remplie, sans quoi on aurait probablement bondi dans les murs et plafonds.
Pour avoir vu Proudhon plusieurs fois en configuration réduite, je dois admettre qu’à deux (batterie – guitare) ils parviennent déjà à générer une atmosphère dense, compacte même. Avec la basse, on atteint une autre dimension. La colère qui s’exprime puise dans l’énergie de la survie face à ce qui cherche à nous soumettre, à nous détruire, c’est celle de l’ouvrier dont les mains endolories ne peuvent plus caresser sa belle, une révolte, une force libératrice qui apporte aussi une forme d’enthousiasme. C’est sombre et rageux, mais jouissif ! On en sort avec la tête qui tourne de plaisir. Ou alors c’est de l’avoir trop secouée.
Zehef fut ma surprise de la soirée (ça et le sourire du type parti sur un brancard après avoir été planté, plus loin dans la rue : un drôle de vendredi 13 je vous dit).
On y retrouve les membres du groupe précédent plus un bassiste, celui de Proudhon étant cette fois au chant.
L’intermède rap laissait présager qu’on allait s’éloigner d’un metal « classique » et en effet, c’est assez distant de mes nourritures auditives habituelles. Pour autant, on se laisse séduire par ces énervés (comme le nom l’indique) qui se révèlent être des crèmes lorsqu’on échange un peu plus tard dans la nuit. C’est étonnamment entraînant, sans doute grâce au rythme soutenu auquel ces types vomissent leurs tripes sur le public. Le front man se donne et va jusqu’à tomber le t-shirt. J’ai pas crié « à poil », j’ai gardé mon humour beauf pour Defraktor quelques semaines plus tard, je vous en parlerai aussi. En conclusion, Zehef si t’as besoin de te défouler, c’est cathartique comme il faut.
Comment partir directement après une telle dose d’adrénaline ? Sans oublier que j’étais aussi venue jouer les VRP pour Gaulhammer et notre affiche du 22 mars au Café français à Vesoul. Les échanges se sont donc poursuivis sous les étoiles. C’est toujours lors des meilleurs concerts qu’on fait les plus belles rencontres, et d’après ce qu’on m’a dit ce soir-là, il faut s’attendre à encore d’autres très bonnes soirées prochainement. Gardez les yeux, les oreilles et l’esprit ouverts !
Live Report par Sophie pour Metal in Franche-Comté