Sur la scène metal allemande, plusieurs groupes font office de dinosaures : Running Wild avec plus de quarante ans d’existence au compteur, Blind Guardian, Helloween, etc. Rage fait aussi partie du lot. La formation créée par Peavy Wagner traverse les décennies avec toujours cette même fougue, quelque que soit le line-up. Et des changements, il y en a eu au fil du temps : période avec Jörg Michael à la batterie fin 1980 (qui partira plus tard chez les Finlandais de Stratovarius), période Manni Schmidt à la grat’ et Chris Efthimiadis derrière les fûts (durant laquelle le trio accouche de classiques encore joués en live), une autre plus élaborée avec le monstre de technicité Terrana à la batterie et le virtuose russe Smolski à la guitare, sans oublier un passage brillant de plusieurs albums enregistrés avec l’orchestre symphonique Lingua Mortis Orchestra. Wings of Rage, c’est aussi un changement de label pour le groupe, qui laisse Nuclear Blast pour revenir vers SPV / Steamhammer.
Depuis 2015, le groupe est retourné à une approche plus brute avec The Devil Strikes Again en 2016 puis Seasons of the Black l’année suivante. Sur le récent Wings of Rage, on retrouve donc pour la troisième fois Marcos Rodriguez à la guitare mais également à la production – il s’est chargé du mix et du mastering dans le studio Soundchaser situé à Burscheid en Allemagne -, et Vassilios Maniatopoulos pour marteler sa caisse claire.
La formule est donc bien rodée. Les compositions ne surprendront personne mais l’apport mélodique fait clairement du bien contrairement aux deux précédents opus, un peu trop froids et thrash à mes yeux. Peavy ressort quelques envolées aiguës comme à l’époque. Marcos se permet divers solos agréables à l’oreille. La touche de musique classique refait même une apparition sur le morceau ‘A Nameless Grave’, l’un des plus soignés de cette cuvée 2020. Un effort de six minutes qui aurait très bien pu figurer sur XIII au vu de ses arrangements bien sentis.
Que les fans de la première heure se rassurent, Rage reste Rage et les titres mid et speed tempos (‘True’ et ‘Chasing the Twilight Zone’) s’enchaînent habilement au cours de la douzaine de nouvelles compos, avec une petite ballade (‘Shine a Light’) à la mi-parcours pour mieux relancer la machine. Cerise sur le gâteau, une nouvelle version de ‘Higher Than the Sky’ est même sur la galette. Renommé ‘HTTK 2.0’ pour l’occasion, le morceau gagne en énergie et modernité. Ces sextolets de double grosse caisse en guise de final, quelle patate! Un classique sorti initialement en 1996 sur End of All Days qui est devenu un morceau phare de leur setlist quelque que soit l’époque. Cela tombe bien, leur tournée européenne prévue en février 2020 fait deux arrêts par la France dont un à Colmar. Inutile de dire que j’y serai pour couvrir l’événement!