Cela fait 20 ans que je suis Franky Costanza à travers ses différents projets musicaux. Il était impensable de ne pas solliciter une interview de ce batteur incroyable à l’occasion de son passage au Mamouthe Festival. Merci à lui pour sa disponibilité et sa gentillesse. Bonne lecture !
Salut Franky, merci de répondre à cette interview pour Metal In Franche Comté.
Franky : Avec plaisir.
Comment vas-tu pour commencer ?
Franky : Ben écoute tout va bien. Très content d’être à Mouthe. Nous allons réchauffer la ville la plus froide de France avec BlackRain. J’ai pu profiter des jolis paysages. La météo annonçait de la pluie et il fait un beau soleil. On peut dire que j’ai amené le soleil (sourires). Très heureux d’être là pour la Mamouthe Festival.
Beaucoup de gens te connaissent mais peux-tu te présenter brièvement ?
Franky : Je m’appelle Franky Costanza, j’ai 44 ans. J’ai commencé à écouter de la musique avec Scorpions vers 8 ou 9 ans. J’ai commencé la batterie à l’âge de 13 ans. Très vite j’ai voulu jouer en groupe vers 16 / 17 ans. J’avais 18 ans lorsque nous avons commencé Dagoba en 1998. Nous avons passé une belle vingtaine d’années ensemble avec des bons albums, des bons concerts, des festivals. J’ai arrêté vers 2016 ou 2017. J’ai enchaîné avec Les Tamboux du Bronx au départ pour le show metal puis ensuite le show classique. En 2023 j’ai intégré BlackRain. Il y a aussi Blazing War Machine, groupe qui me passionne toujours autant même s’il est en stand-by pour le moment. Formation qui a une vingtaine d’années qui s’est mis en pause pendant la période Covid. C’est un peu un mix de tous mes goûts musicaux. Gros metal façon Pantera, Fear Factory, je me suis régalé pendant des années avec Dagoba. Black Sympho, influencé par Dimmu Borgir et Cradle Of Filth je me régale avec Blazing. J’ai commencé la musique avec le hard rock Anglo-Saxon et Américain donc je suis comme un enfant dans BlackRain. Concernant Les Tambourx du Bronx c’est un fantasme depuis que j’ai vu leur vidéo avec Sepultura. Je me suis dit que jouer avec un groupe, une tribu avec ces sonorités tribal / indus devait être terrible, je me régale ! Ce qui est le plus important dans la musique pour moi est de prendre du plaisir sur scène.
La batterie est une passion pour toi depuis toutes ces années, comment t’entraines tu pour maintenir ce niveau ?
Franky : Pendant des années, surtout la période Dagoba je passais beaucoup de temps à travailler la double grosse caisse. C’était l’un des paramètres les plus importants dans le groupe, avoir une bonne technique de pied, jouer au métronome. Il y avait des rafales de double très « Fear Factoresque », « Panteresque ». Il fallait être très précis et propre donc beaucoup de travail même si ça restait du plaisir. Il fallait que ce soit efficace. Ces derniers temps, je fais encore beaucoup d’heures de batterie mais plus sur de la musique. Ça va être plus musical, moins d’exercices particuliers. Comme on travaille beaucoup à distance, je vais me faire un set complet des Tambours du Bronx si on a un concert à préparer. Si on joue vendredi et samedi avec Les Tambours du Bronx je vais faire mardi, mercredi, jeudi à fond. Un ou deux filages par après midi, une heure et demi à fond, parfois je double. Tout ça dans le but d’avoir l’endurance et la mémoire. Je travaille davantage sur le répertoire de mes groupes.
Pour les adeptes, quel matos utilises-tu ?
Franky : J’utilise depuis des années le matos de marques qui m’ont fait confiance dès le début de Dagoba. batterie Mapex, des cymbales Meinl, des Baguettes ProOrca, la marque a même un modèle à mon nom. Concernant les peaux je n’ai pas de sponsor, j’aime bien les peaux Remo.
C’est bien, tu n’en dis pas trop (sourires) Peux-tu nous parler de l’actualité de tes différents projets ?
Franky : On est en train de terminer une tournée avec Les Tambours du Bronx, il nous reste deux concerts en 2024, une jolie date pour le show metal à Colmar pour la Foire aux Vins à Colmar avec Sidilarsen en décembre. Il y aura aussi un show classique, sold out, en décembre vers Montpellier. On a beaucoup tourné en 2024, il y aura pas mal de dates en 2025. Nous avons l’intention de sortir un EP début 2025, le but c’est de sortir du contenu pour tourner à nouveau car c’est le gros point fort de ce projet. Pour BlackRain on termine le mixage et le mastering d’un album qui sortira je l’espère le plus vite possible. On a reçu des titres hier et ça sonne vraiment bien. On est très confiant. J’ai hâte que ça sorte !
N’est-ce pas trop difficile de concilier tes groupes notamment pour les dates de concerts ?
Franky : Il commence à y avoir des dates en doublon. Ce qui est bien c’est que le batteur que j’ai remplacé dans BlackRain est content de revenir pour dépanner. Ça lui manque un peu de faire de la batterie. Frank d’ailleurs qui a été le BlackRain pendant de nombreuses années, il vit à Brest maintenant. Il me seconde quand je suis pris avec Les Tambours Du Bronx.
Ça fait plus de 25 ans que tu joues dans différentes formations, avec le recul quel regard poses-tu sur ce quart de siècle à écumer les salles, festivals, enregistrer des albums, rencontrer des gens?
Franky : Je garde des bons souvenirs de tout. Consciemment ou inconsciemment je dois avoir des flashs des moments les plus glorieux je pense à des Hellfest avec Dagoba, la première partie de Metallica, la tournée avec In Flames et Sepultura, la tournée aux USA avec Dir En Grey. Niveau discographie j’ai un gros coup de cœur pour What Hell Is About ainsi que l’album éponyme devenu introuvable. Seuls les férus de Dagoba l’ont. Les autres disques de Dagoba sont très bons mais si je devais en choisir deux ce serait les deux premiers. Il y avait un truc magique au moment de WHIA. Un mois non-stop au Danemark chez Tue Madsen, conditions à l’ancienne. On pense, on enregistre, on vit Dagoba pendant un mois. Je l’écoute parfois dans ma voiture et je me régale toujours autant. On aurait pu passer une grosse étape Européenne voire mondiale avec cet album là, signer sur un plus gros label, ça ne s’est pas fait. On avait fait une belle tournée avec In Flames et Sepultura. Ça reste une très belle carrière avec ce groupe.
Franky : Heureusement j’ai vite rebondi avec Les Tambours du Bronx, super bons souvenirs avec le Motocultor, le Sylak Open Air. On prend notre pied sur scène et il y a une grosse communication avec le public. Plus récemment BlackRain, un rêve de gosse de jouer avec un groupe de glam. Tous mes potes me disaient « Avec tout ce que tu écoutes en hard rock / glam tu n’as pas de groupe du genre. » Quand le groupe m’a proposé je n’ai pas hésité une seule seconde. Je me rappelle c’était à Noël en 2022, un beau cadeau.
"Je garde des bons souvenirs de tout. Consciemment ou inconsciemment je dois avoir des flashs des moments les plus glorieux je pense à des Hellfest avec Dagoba, la première partie de Metallica, la tournée avec In Flames et Sepultura, la tournée aux USA avec Dir En Grey." Franky Costanza
Tu as une chaîne Youtube que tu alimentes régulièrement depuis 18 ans. Tu y postes des extraits de live, des covers. Comme à chaque fois tu mets un point d’honneur à soigner le visuel et le montage. Peux-tu nous parler de cette chaîne que tu alimentes depuis près de 20 ans ?
Franky : J’ai monté cette chaîne suite à une demande de Batterie Magazine qui m’avait demandé une vidéo. Ils m’avaient donné carte blanche. À l’époque il y avait un dvd. Ils m’avaient dit « Mets ce que tu veux dedans, des cours, des démos .» J’ai fait un medley avec les meilleurs passages de What Hell Is About. Un medley d’environ 20 minutes qui a très bien marché avec « The Man You’re Not », « It’s All About Time », « The Things Within ». Il y avait aussi des extraits du premier disque avedc « Something Stronger », « The White Guy ». Je m’étais régalé à le faire. À cette époque il y avait un jeune vidéaste de 16 ans qui m’avait proposé de faire cette vidéo et on avait travaillé dessus ensemble. Il m’avait appris des choses pour le montage vidéo. Je lui en suis très reconnaissant et redevable. Petite dédicace à Ludovic qui est devenu un ami. Je m’étais occupé du son, Fab de Blazing War Machine m’avait enregistré. C’était fait avec des bouts de ficelle dans mon local. Cette vidéo a bien marché à l’époque, il y avait peu de gens qui proposaient ce type de contenu à l’époque. Je n’y connaissais rien. Il y avait un gars qui avait rippé le dvd de Batterie Magazine, il s’appelait EmpereurDroopy (rires) et avat mis la vidéo sur sa chaîne Youtube. Il faisait beaucoup plus de vues que moi (rires). Je n’avais rien dit car c’était rigolo. Tous mes potes me disaient qu’il fallait que je fasse une chaîne Youtube, ce que jai fait. Je me suis acheté une petite caméra et c’était parti. Après un concert quand j’avais une bonne captation je mettais des extraits de Dagoba, après j’ai fait des drum covers et je me suis amusé. J’ai mis aussi des exercices pédagogiques de batterie aussi. Maintenant je mets des teasers de mes groupes, les clips sont sur les chaînes des groupes. Je fais le relai, j’ai bientôt 26 000 abonnés c’est pas énorme mais c’est pas non plus pourri (sourires), ça fait le relai promo. Je peux mettre des vidéos de studio.
C’est bien alimenté en tout cas.
Franky : Ces derniers temps un peu moins car il y a beaucoup de concerts.
Tu as également fondé Serial Drummer qui connaît un franc succès. Pensais-tu que la marque grandirait autant avec le temps ?
Franky : Non, j’ai fait ça en dilettante avec ma femme sans se prendre la tête. Je m’achetais des débardeurs, des shorts et je me demandais avec quoi j’étais le plus à l’aise sur scène. Je me demandais ce que j’allais mettre dessus, des logos. Il y a un lien avec la vidéo quand tu découvres la suite Adobe et que tu as Photoshop ben tu t’amuses aussi. Je n’ai pas la prétention d’être un graphiste mais des gros aplats de blanc sur noir, je créais mes logos, des baguettes. Ça allait avec mon look un peu bandana, pirate. Je me faisais plaisir avec des séries à 100 exemplaires, je vendais ce que je vendais. Je sponsorisais Mario Duplantier de Gojira, George Kollias (Nile). Parfois je rencontrais mes idoles et certaines jouaient le jeu de la promo donc ça me faisait plaisir. Avec le Covid ça a été plus compliqué car j’en vends beaucoup au Hellfest en temps normal.
Quel est ton avis sur la scène rock et metal Française en 2024 ?
Franky : Elle se porte assez bien. Gojira est devenu universel. C’était déjà le cas avant et avec les J.O c’est la cerise sur le gâteau, c’est stratosphérique. Ils sont sur le toit du monde, c’est plus que mérité. Je suis heureux pour eux. Ils ont posé le drapeau Français du metal pour les décennies à venir. Je suis content que Dagoba continue. Il y a Mass Hysteria, Ultra Vomit, Tagada Jones qui remplissent des grosses salles. Sidilarsen, Black Rain, Les Tambours du Bronx remplissent aussi bien les salles. Il y a également Benighted. Je pense qu’il y a des fers de lance dans un peu tous les styles. Au niveau du hard rock et du glam il n y a pas trop de groupes, il y a mes potes de Marseille Rakel Traxx, La scène se porte bien. Le Hellfest et les festivals plus petits font beaucoup de bien pour la visibilité nationale ; ça se porte plutôt bien !
"Gojira est devenu universel. C'était déjà le cas avant et avec les J.O c'est la cerise sur le gâteau, c'est stratosphérique. Ils sont sur le toit du monde, c'est plus que mérité. Je suis heureux pour eux. Ils ont posé le drapeau Français du metal pour les décennies à venir." Franky Costanza
Nous sommes sur Metal In Franche Comté alors nous nous demandions si tu connaissais un peu les groupes ainsi que les festivals de la région ?
Franky : Pour être honnête je ne sais pas. Kronos est du coin ?
Ils sont des Vosges, un peu plus loin.
Franky : Je ne vais pas faire le mythomane je ne vois pas.
Dans la région pour être honnête il n y a pas beaucoup de gros groupes qui tournent au niveau national. Il y a Carcariass par exemple.
Franky : Ah oui je connais depuis des années même avant que Dagoba ne voit le jour.
(Nous en citons quelques uns qui n’évoquent pas grand chose à Franky mais lui disons que la scène regorge de bons groupes.) Il y a aussi Fractal Universe basé à Nancy mais dont Valentin le bassiste habite en Franche Comté.
Franky : Ah oui je les connais bien. On avait joué ensemble avec Blazing War Machine près du Luxembourg. Je connais bien le batteur Clément Denys qui est très bon, on avait bien déliré. C’est un groupe qui n’a pas peu de faire des grosses tournées, ils se bougent bien !
Sinon en festival, on a David ici qui est président des Sapins Metaliks et qui organise des concerts depuis cinq ans, la Guerre du Son à Landresse.
Franky : Oui on y a joué avec Les Tambours du Bronx.
Il y a d’autres festivals plus mainstreams comme par exemple le Festival de la Paille. Ça bouge chez nous même si ce n’est pas très médiatisé.
Traditionnelle question, tes dernières claques en live et en album ?
Franky : Le groupe Dukkha
Ah oui on les connait bien !
Avec un excellent batteur Maxime Mangeant, c’est très « Meshuggesque » je vais dire. Ça jouait d’enfer, le son était mortel. C’était une bonne claque au Bridge To Hell. En album, ça fait un peu chauvin de dire ça mais Untamed de BlackRain. Lorsqu’ils m’ont contacté je ne l’avais pas encore écouté avant qu’ils me proposent le poste. J’ai pris une claque, je prêche un peu pour ma paroisse mais cet album est giganstesque. J’espère qu’on fera mieux pour la suite. Ça m’aurait fait plaisir d’être contacté avant pour l’enregistrer. Ils ont mis la barre très haut. Pour les fans de hard rock et glam je conseille ce disque !
Merci d’avoir répondu à cette interview, bon festival !
Franky : Merci à vous !