HELLFEST 2024 - JOUR 1
C’est avec une bonne heure et demi d’avance sur le premier concert que nous arrivons sur le site. Ce n’est pas innocent, nous avons simplement hâte de faire connaissance avec la nouvelle maîtresse des lieux, j’ai nommé La Gardienne des Ténèbres !
La donzelle trône au centre de l’esplanade située entre l’ancien merch et le petit bois du muscadet. Ils sont une douzaine de techniciens à la manœuvre pour donner la vie à l’imposante marionnette de 10m de haut pour 38 tonnes. La gardienne toise la centaine de festivalier amassés autour d’elle avant de cracher eau et flamme sous les clameurs et les applaudissements. Visiblement elle ne sera pas destinée à être déplacée, car elle demeurera au même emplacement pendant toute la durée du festival. Il est vrai que vu le gabarit, difficile de l’imaginer se mouvoir facilement à travers les hordes de métalleux.
Nous la retrouverons une seconde fois le soir tombé, histoire de voir si les jets de flammes sont plus impressionnants la nuit. Bien nous en a pris, car sur le reste du fest nous ne la reverrons plus en fonctionnement. Décision sécurité on s’est laissé dire après que la gardienne se soit auto enflammé en projetant du feu. Dommage !
Mais revenons à nos premiers moutons. L’heure est à la joie ! Tous les festivaliers arrivent sur le site avec leur bonne humeur, alors on va pouvoir s’y mettre.
On se dirige vers l’ALTAR. Pour le premier concert du festival, on choisit la brutalité avec les Singapourien de WORMROT, qui dispense un grindcore musclé et diablement efficace servit par un quatuor atypique : guitare, batterie et duo mixte au chant. On remarquera l’absence de basse, à l’image d’un certain AxCx. La présence de la jeune chanteuse, tantôt minaudant, tantôt hurlant est un apport rafraîchissant au petit monde du grind. Le son n’est pas mauvais (pour du Grind) et la présence scénique des 2 chanteurs ne soufre pas de la taille de la scène comme c’est souvent le cas avec des formations underground.
Hop ! Parfait, pour se mettre en jambe. Jugez sur pièce : https://www.youtube.com/watch?v=L57f7J7Wjao
On file en MAINSTAGE pour voir la 1ère venue de BLEED FROM WITHIN. Ils viennent de Glasgow (Ecosse) et ont à leur actif 3 EPs et 6 albums studios. C’est du Metalcore qu’ils vont nous envoyer dans les oreilles. Pour résumer, un metalcore efficace, mais qui n’apportera rien de bien différent au genre.
On reste en MAINSTAGE, pour voir une de nos grosses attentes du festival, à savoir SLAUGTHER TO PREVAIL. Groupe russe de Deathcore dont on a entendu parler à cause de l’image masculiniste, des masques arborés par les musiciens, le charisme du chanteur Alex TERRIBLE, balafré, qui aime régulièrement se frapper le crâne avec son micro jusqu’à en saigner (le set de ce jour ne faillira d’ailleurs pas à la règle) . Bon, ceci étant, dit, qu’est-ce que ça vaut ?
J’oubliais de dire que notre curiosité était aussi piqué par un étrange message posté sur les réseaux sociaux annonçant qu’un certain groupe de Deathcore Slave souhaitait organiser le plus grand picnic… heu non, wall of death du monde. Rien que ça. Ah ben non alors, on ne va pas ravir celà à nos compatriotes de DAGOBA… A moins que ne soit MASS HYSTERIA, je ne sais plus.
SLAUGTHER TO PREVAIL s’installe sur la MAINSTAGE 1, magistraux et charismatiques avec leurs masques étincelants en cette fin d’après-midi. Le set est carré, énergique et impeccable jusqu’au deux bon tiers du set, lorsqu’Alex Terrible souhaite lancer son wall of death. Les festivaliers ont peine à obéir au chanteur. L’exploit vire à la pitrerie lorsque, las d’invectiver un public qui ne réagit pas, il descend lui-même fendre la foule, comme Moïse jadis fendit la Mer Rouge. Le moment est long, inutile, et finalement assez gênant. Point positif, peut-être que cet épisode deviendra un running gag au même titre que Manowar en son temps… On attend les tee-shirt “split that shit”.
Jérémie reprend ensuite le chemin de l’ALTAR pour sa seconde dose de Grind de la journée : Officiellement BRUJERIA est un groupuscule terroriste mexicain ayant kidnappé le patron d’une major pour enregistrer leurs disques. Officieusement c’est un side-project à géométrie variable accueillant quelques pointures du monde métal extrême (Carcass, Napalm Death, Fear Factory…). Personne ne saura qui officie sur l’ALTAR aujourd’hui car tous les membres se dissimulent derrière un bandana, à l’exception de Pinche Peach l’un des 3 chanteurs (oui 3 chanteurs !). La setlist assure le fan-service en égrenant les morceaux phares (« Marcha d’el Odio », « Matando Gueros », « Brujerismo »…) Les nouveaux morceaux sonnent à merveille (quelle folie ce « Esto es Brujeria » !) pour finir sur leur mythique parodie de la Macarena. Ovation générale d’un public acquis à leur cause. Indéniablement un des moments fort de cette première journée.
NDJT: Au moment où nous écrivons ces lignes nous apprenons la mort tragique de Pinche survenue le 17/07 de complications cardiaques à l’âge de 57 ans. Impensable d’imaginer ce drame alors qu’il atomisait le public du Hellfest 3 semaines auparavant. El la série noire continue avec le décès de Juan Brujo le 18/09 d’un arrêt cardiaque lui aussi. Toutes nos pensées vont à la famille et aux amis. RIP amigos !
On va pour la 1ère fois de cette édition en WARZONE. Encore pour écouter du Metalcore me direz vous. CRYSTAL LAKE, qui nous vient du Japon (sauf le chanteur John Robert Centorrino, qui a rejoint le groupe en 2023). Grosse présence scénique. Les musiciens sont déchaînés. Même le batteur headbangue sans cesse. Ça colle parfaitement avec l’esprit WARZONE et de son public. La sono lâchera en début de set mais ne perturbera pas plus que cela la formation. Je me demandais si les origines asiatiques du groupe apporterait quelque chose de grandement différent au genre, mais non, pas du tout (ce n’est pas BABYMETAL). Calibré, parfait pour le job ! Voyez donc leur clip « AEON« . Bien meilleur moment passé (pour ma part) qu’avec BLEED FROM WITHIN vu plus tôt dans la journée.
Tout a déjà été dit sur MEGADETH, et cet énième passage au Hellfest n’apportera ni n’ôtera rien à la légende. A vous de juger avec ce lien Arte Concert. Le set est sobre, impeccable et efficace, même si on dénote une certaine fatigue de la part de Mr. Mustaine. La setlist semble avoir quelques lacunes avec la présence de l’indéboulonnable « A tout le monde« , mais curieusement pas de « Countdown ». A noter la présence de « Mechanix » en fin de concert… possible pied de nez à METALLICA qui jouait le lendemain…
Que deviennent nos vampires britanniques préférés ? C’est ce que nous allons tenter de découvrir en nous rendant au TEMPLE pour le dernier concert de la journée. CRADLE OF FILTH affiche désormais 7 passages à Clisson, on ne peut que louer une telle assiduité ! Le set fait la part belle aux jeunes années du groupe, « Principle of Evil Made Flesh », « Dusk and her Embrace« , « Midian » … Là-aussi, ARTE Concert nous a immortalisé le moment. Dani est en pleine forme, saute comme un lutin d’un bout à l’autre de la scène, fait du shadow boxing. Cependant, sa légendaire tessiture commence à pâtir du poids des années. Mais ne boudons pas notre plaisir, le set est vivant, dynamique et jubilatoire. Le groupe est visiblement heureux d’être là, le public est conquis et nous aussi. Nous aurons même l’occasion d’apercevoir les gars de Fear Factory venu profiter du set depuis les coulisses.
Courte première journée, mais déjà bien chargée de tout plein de choses positives. On ne s’éternise pas trop, car il nous reste encore 3 jours, et la choses est à traiter comme un marathon. Bonne nuit !
Live report et crédits photo : LOLA, Jérémie TOURDOT, et Y.BRED