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Nasty, je connais ton parcours… mais il est intéressant que nos lecteurs sachent ce qui t’amène dans notre webzine. Qu’est-ce qui te pousse à multiplier les projets ?
J’ai toujours voulu établir des ponts entre la musique, la littérature, le cinéma et la bande-dessinée. De ces divers mediums, je puise mes influences. Bien sûr, au début, quand j’ai fondé mes premiers groupes, il n’était principalement question que de musique, même si j’ai toujours été un gros lecteur et un fan de cinéma… mais la première étape était celle de jouer des concerts, d’essayer de partir en tournée et d’enregistrer des disques avec mes groupes. Puis, au fil du temps, tout est entré en collision, tout s’est interconnecté. J’ai écrit dans des fanzines – ceux que je publiais, puis dans d’autres titres par la suite, édités et publiés par d’autres -, j’ai publié quelques livres, j’ai bossé pour la presse culturelle (je pige encore pour le magazine New Noise), j’ai animé des podcasts, organisé des concerts, mis en place un ciné-club, tout en continuant à jouer dans des groupes (une quinzaine au total en vingt ans de « carrière »), à sortir des disques tous les ans et à être sur la route pour en faire la promotion. Ca fait vingt ans que j’ai sorti mon premier disque, et depuis, j’ai joué sur environ 25 albums (sans compter les EP, les splits, les compilations, etc.), et j’ai dû faire environ 1 200 concerts en France et dans le reste de l’Europe. C’est un tout. Chaque facette de mes activités se nourrit d’une autre facette. Et, au fil des années, j’ai davantage creusé le sillon de la presse, de l’édition et plus globalement de « l’écrit ».

Tu mentionnes des livres, et comme je t’en ai pris un récemment, on va parler de celui-là… car il parle d’un totem que les métalleux connaissent bien : le premier T-shirt de groupe acheté. Ce livre lui rend hommage et ce sont des acteurs du milieu musical et/ou du fanzinat qui en parlent. Qu’est-ce qui t’a poussé à lui consacrer un livre ?
Le postulat du livre se base sur un thème très simple, qui donne de la matière à des récits attachants et nostalgiques : la fameuse « toute première fois ». Cela peut être le premier concert, le premier disque acheté, la première petite copine, le premier tatouage, la première fois que l’on expérimente une drogue, et bien d’autres idées de ce genre… j’ai trouvé que le premier T-shirt de groupe acheté pouvait drainer son lot d’anecdotes sympathiques et qu’il reflétait une époque révolue : quand les T-shirts étaient très durs à se procurer et qu’il fallait parfois se contenter de ce qu’on trouvait, selon un contexte personnel précis pas toujours favorable à l’achat de ce genre de chose. Une tranche de vie, faite de souvenirs et d’anecdotes. Une évocation du passé basée sur des bornes culturelles générationnelles que l’on a tous plus ou moins connues ou partagées, pour peu que l’on ait à peu près le même âge. Vingt cinq auteurs pour vingt cinq textes, un bel échantillon de plumes intéressantes dans le milieu musical et culturel alternatif français. Chacun racontant sa propre histoire liée à son premier T-shirt de groupes achetés. Des auteurs, des journalistes, des musiciens, des illustrateurs, des fanzineux et bien d’autres se penchent le sujet, avec ce que ça implique derrière… un bond dans le passé vertigineux et la sensation que le monde a énormément changé ! Je précise que les auteurs sont issus de plusieurs générations, certains ayant acheté leur T-shirt dans les  années 70, d’autres dans les années 80 et 90. Et effectivement, il y est souvent question de groupes affiliés au genre hard rock, thrash, death et plus globalement metal… même s’il y a aussi pas mal de groupe punk et « grunge » qui sont représentés. Le livre a très bien fonctionné, et a bénéficié d’une belle revue de presse sur les medias culturels français à l’échelle nationale.  Il est aujourd’hui épuisé.

Et qu’est-ce qui t’a amené à co-écrire un livre sur la scène thrash/death française ?
Je suis de la génération qui a vu exploser les courants thrash et death à la fin des années 80 et au début des années 90. J’ai été bercé par tous les groupes qui sont à l’origine de ces styles. Forcément, ça a eu un impact énorme sur moi. J’adorais le speed metal, le thrash, le crossover et le death metal… la musique, l’imagerie, le côté radical tout en étant ultra bon esprit, le pont qu’il y avait entre ces styles et le cinéma d’horreur/gore, les comics américains, les auteurs du genre Stephen King/Lovecraft/Clive Barker/Matheson, etc., ainsi que les vieilles BD d’horreur et de science-fiction. Le thrash et le death metal étaient liés au trip vidéo-club, aux premiers jeux de rôles, et à tout cet univers fantasmagorique qui nous faisait chavirer, mes potes et moi. Il y avait également un petit lien avec ces scènes et le punk et le hardcore, c’était une vision radicale et extrême en complète réaction envers le hard-rock de base, que même les mecs issus de la vieille garde heavy metal et classic rock/hard rock ne comprenaient pas et n’aimaient pas. C’est vraiment tout ça que j’appréciais dans ces styles. Et on en revient à ce fameux « contexte », qui est tellement important pour moi, et qui fait que de nos jours, là tout de suite maintenant, ces genres ont vraiment perdu de leur superbe et de leur signification… c’est toute une période qui n’existe plus, tu ne peux tout simplement pas retrouver cette saveur avec des groupes qui font la même chose presque quarante ans après la guerre, mais sans cette sacro-sainte substantifique moëlle.
Aucun livre sur le sujet n’existait en France. Les scènes thrash et death originelles américaines, anglaises et suédoises ont été archivées dans plusieurs très bons livres… on a voulu (avec Jérémie Grima, qui a co-écrit le livre avec moi) tout simplement faire la même chose avec la scène française, qui a bien sûr eu beaucoup moins d’impact que certaines autres scènes à l’international, mais qui a quand même eu un effet non négligeable sur les ados de ma génération. Et surtout, elle a essuyé les plâtres pour les groupes français des générations suivantes, qui eux s’imposeraient un peu plus facilement en dehors de nos frontières (Gojira, etc.) … on a donc procédé suivant le principe de l’histoire orale, c’est-à-dire que ce sont les acteurs de l’époque qui racontent leurs propres histoires/trajectoires, en nous ramenant à cette époque. On a donc fait un gros travail de recherche et d’interviews des groupes de l’époque, – petits et gros -, mais aussi des journalistes, des fanzineux, des illustrateurs, des organisateurs de concerts, etc. A l’arrivée, Enjoy the Violence est un pavé de 400 pages, bourré d’entretiens et de centaines de visuels, affiches, flyers, pochettes de disques, photos d’époque, un travail étalé sur 4 ans a été nécessaire pour arriver à bout de ce chantier. Il y a déjà eu trois tirages (depuis sa sortie en mars 2018), le livre est aujourd’hui épuisé… mais il va être réédité durant le premier trimestre 2020.

Attaquons ton activité musicale plus que remplie !!  En préparant les questions, j’essayais de trouver quel était ton groupe principal mais je ne suis pas vraiment sûr… j’hésite entre PrisonLife et Demon Vendetta ? Partons de ces deux là, que représentent ces deux groupes pour toi tant musicalement, que moralement ? Et profites-en pour nous parler de tes différents projets…
Je ne mets pas de priorités sur tel ou tel groupe. Il n’y a pas d’échelle de valeur entre mes différentes activités musicales (et même entre mes autres activités, car tout est lié). Tous les groupes dans lesquels j’ai joué – une bonne quinzaine en un peu plus de vingt ans – ont eu la même importance.  Certains ont eu plus de « succès » que d’autres, ont été un peu plus exposés, ont sorti plus de disques, ont fait plus de concerts, ont connu plus d’expériences et d’aventures que d’autres, mais tous, au départ, sont approchés avec la même volonté de faire les choses correctement et surtout comme je l’entends. Même si ce n’était pas forcément dans les mêmes styles, ou que je jouais de la guitare ou de la basse. Les deux groupes que tu cites sont ceux dans lesquels je joue actuellement… mais comme je l’ai dit, je joue sur pas loin de vingt-cinq albums, et j’ai commencé à tourner il y a une grosse  vingtaine d’années. Certains me connaissent donc à travers tels disques ou tels groupes, et ne savent même pas forcément que j’ai joué dans d’autres groupes ou que j’ai une plusieurs « vies » musicales. J’ai joué dans Second Rate (guitare), un groupe qui a plutôt bien fonctionné à la fin des années 90 et au début des années 2000 (punk rock mélodique/indé), ensuite j’ai joué dans Hawaii Samurai (basse), puis Lost Cowboy Heroes (guitare), puis Hellbats (basse), puis The Last Brigade (un groupe de Nîmes, à la basse), ensuite j’ai collaboré avec des groupes étrangers, Dumbell (un groupe américain, de Detroit) et Simon Chansaw (un Australien, vivant au Brésil) puis j’ai fondé d’autres groupes, comme The Black Zombie Procession (thrash crossover/horror core), Demon Vendetta (surf music/horror core), Cab Driver Stories (indie rock/power pop) et très récemment PrisonLife (hardcore metal), et il y en a eu quelques autres. A chaque fois c’est une histoire à part entière, avec des disques à la clé et des tournées, des collaborations avec différents labels, etc., souvent dans des « scènes » plus ou moins différentes.
Pour ce qui est de Demon Vendetta, le groupe existe depuis 8 ans et a sorti 3 albums (ainsi qu’un split LP et un 45T), le dernier album vient de sortir (fin septembre 2019) et on sera sur la route en janvier pour un tournée française de 15 dates environ. Ça sera la toute dernière tournée. Pour PrisonLife, c’est mon groupe le plus récent, formé il y a deux ans seulement… et c’est le seul groupe « local » dans lequel je joue, car on est tous de Besançon… concernant les autres groupes, je joue souvent avec des musiciens qui ne sont pas basés dans la région. Pour Demon Vendetta, par exemple, le batteur vit  côté de Genève et le bassiste circule entre Paris et Lyon.
Je n’ai pas de « projets »… ce terme qui a remplacé ces dernières années  le mot « groupe ». Je joue dans des « groupes ».  Un groupe, c’est une aventure humaine, avec un début et une fin, des disques et des tournées, avec tout ce que cela comporte comme difficultés et sensations – bonnes ou mauvaises – pour arriver à mettre sur pied ce que l’on a en tête, tant musicalement que dans l’organisation du groupe en question.
Pour rester dans le domaine musical de mes activités, je suis en ce moment même en studio pour finir de mixer mon premier album solo, constitué uniquement de reprises de morceaux importants pour moi, des trucs que j’écoutais dans les années 80 et 90.

Et bien parlons justement de ce dernier groupe et des groupes qui t’ont influencé ? Quand sortira-t-il ? Sur un label ?
Alors, ce n’est pas forcément des groupes qui m’ont (musicalement) influencé (quoique… il y a forcément des traces indélébiles dans mon univers musical ici et là), mais plutôt des groupes avec lesquels j’entretiens une longue histoire, depuis longtemps, que j’ai beaucoup écoutés à des périodes données et qui sont liés à certains évènements dans ma vie, et sur lesquels j’ai énormément de souvenirs. J’ai mis de côté les musiques plus extrêmes (metal sous toutes ses formes, hardcore, etc.) pour privilégier l’aspect plus « rock » et « song writing », voire punk rock, pour une histoire de cohérence… j’ai toujours eu des goûts éclectiques, j’écoutais du thrash, du crossover et du death metal fin 80 et début 90, mais j’écoutais aussi d’autres choses, plus rock et plus pop… je pouvais sans problème passer d’Entombed à Echo and the Bunnymen et de Sadus aux Smiths.
Ce disque de reprises sera accompagné d’un petit livre d’une soixantaine de pages dans lequel il y aura un texte par morceau, qui remettra en contexte les choses qui me lient aux chansons choisies.  Le disque sortira sous le nom Nasty S’ and the Ghost Chasers, et il est plus que probable que son titre soit Waiting for the Last Gasp of my Generation. Ca sortira en 2020, probablement avant l’été, sur le label Disgracelands Records, qu’un pote a monté spécialement pour sortir ce disque.

Tu as participé au documentaire de l’ami Jean Phi, « Les Disparus de la Photo », tu y abordes la musique, le DIY, etc. ; Qu’est-ce qui t’a motivé à venir en parler dans un reportage, es-tu d’accord avec son idée que le rock est mort ?
Jean Phi’ a contacté les personnes de son entourage proche ou lointain, qu’il connaît depuis plus d’une vingtaine d’années, pour faire une sorte de bilan, d’état des lieux sur la culture punk/hard core et « rock » au sens large du terme, au niveau local mais pas que… ces cultures qui nous ont nous tous influencés, fascinés, façonnés et impactés depuis nos années adolescentes, à divers degrés. Je ne pense pas que le postulat du documentaire soit aussi simpliste que : « le rock est mort ». Puisqu’il y a encore quantité – trop, même- de groupes de rock et affilié en activité. Ce qui est mort, et définitivement enterré, c’est plutôt ce que représentait cette culture pour notre génération (les quadragénaires/quinquagénaires, pour schématiser). La place et le rôle du metal, des divers genres de rock, du punk et du hardcore ont considérablement changé/muté au fil des années,  pour devenir petit à petit, à force de récupération et de sur-médiatisation, des genres avec un peu moins de substances qu’avant, c’est évident. Tout est très « normé » dorénavant. On vit à une époque où le metal n’a plus rien d’extrême ; les plus grands festivals mainstream ont des programmations ciblées autour de ce genre, on peut entendre du metal dans des pubs pour des voitures, dans des jeux vidéo, dans des séries et des films, en faisant ses courses dans des magasins, etc. Les codes du metal ont complètement été digérés et vulgarisés avec le temps, et même complètement acceptés ou tolérés par les gens qui n’en écoutent même pas! Le rock, le punk et le hardcore ont également eux aussi une place totalement différente maintenant dans les sphères culturelles populaires, par rapport à celle que ces genres occupaient initialement quand ils ont explosé à la face du monde… ce sont des styles qui ont été récupérés et dilués par (et dans) notre société carnassière. Il s’agissait au départ d’une musique en réaction complète contre la « norme » musicale et culturelle, elle était offensive, naïve, frontale, brute, jouée par des mômes pour des mômes, contre les adultes et leur monde de merde. Tous ces genres/styles sont désormais devenus des musiques (ou hobbies) de vieux pour les vieux ! Il suffit de voir l’âge moyen des têtes d’affiches de gros festivals (tous les musiciens ont quasiment tous entre  40 ans et 65 ans !) ainsi que l’âge moyen du public. C’est plutôt effarant. Donc oui, le rock ainsi que ses subdivisions, sont  des styles vieillissants… et, forcément, mourant et agonisant tranquillement. Il faudrait bien être de mauvaise foi, ou complètement à côté de la plaque, pour affirmer le contraire. Désormais, des chefs d’entreprises écoutent ces genres de musique, ainsi que des banquiers, des flics, des cadres d’entreprises corporate, des assureurs, des militaires, des bons pères de familles, des gendres idéaux, etc. Le propos initial s’est complètement volatilisé ! Un gamin peut parler de metal ou de punk avec son père !! Ca n’a plus de sens. C’était normalement un bruit, une explosion, un crachat de pure rébellion/contestation ! Pas un style de zique à écouter en famille, haha ! Tu peux maintenant acheter un T-shirt Mayhem pour ton gosse de 5 ans et un string de Madball pour ta copine ! Et j’exagère à peine ! Il y a même des chanteuses de télé crochet qui viennent pousser un petit growl devant la caméra entre deux reprises de Goldman ou Britney Spears! Flippant. Ca n’a plus aucun sens. Des groupes de death brutal technique remplissent des SMAC ! Bientôt, il y aura une série dont le sujet portera sur le true black metal sur Netflix !! Que s’est-il passé ? Ces genres ont été acceptés, tout bêtement. Bizarre, quand on pense d’où ça vient… ces styles, de traverses, étaient des cris primaires d’ados, refusant la société morne et repoussante de leurs parents. C’est juste devenu un divertissement pour quadras et quinquas ! La façon dont les groupes se forment, répètent, jouent, enregistrent et vendent leur musique n’a plus rien à voir avec le contexte de l’époque.
Le  documentaire de Jean Phi, dans les grandes lignes, met l’accent sur tout ça. Et je précise -pour ceux qui voudraient me traiter de « nostalgique » et/ou de « passéiste » que la plupart des intervenants de son documentaire, moi y compris, sont encore des gens actifs dans ces sphères, des musiciens, des organisateurs de concerts, des mecs qui gèrent des labels, etc., bref des gens qui sont encore sur le terrain, qui connaissent le problème et s’y confrontent chaque jour. Des gens « vivants » qui œuvrent pour une culture « mourante ». Donc je le répète : ce n’est pas le rock, le metal, le punk/hardcore qui sont morts, mais bel et bien ce qu’ils représentaient il y a 30 ou 40 ans, quand ceux qui en étaient à l’origine (je parle des cultures alternatives, pas des origines du rock and roll) le faisait pour des raisons totalement différentes… l’esprit et les envies qu’il y avait derrière ne sont plus du tout les mêmes aujourd’hui. Le vieillissement de ces scènes était inéluctable. C’est l’ordre normal et naturel des choses. Encore faudrait-il être réaliste, et l’accepter. Ca ne veut d’ailleurs pas forcément dire qu’il n’y a plus de groupes intéressants, ça c’est un autre sujet… mais tout a énormément changé, c’est irréfutable. Ce documentaire est une compilation de témoignages lucides qui vont dans ce sens.

Rebondissons sur ce que tu viens de nous dire : quels groupes actuels trouves-tu intéressants et, surtout, pourquoi (musique, idées, image) ?
Question délicate, à laquelle je serais tenté de répondre : très peu. Pour différentes raisons. Déjà, je n’écoute pas de musique sur un ordinateur, ni sur un téléphone d’ailleurs. Je n’utilise pas Spotify/Deezer et autres, et je n’ai jamais téléchargé un disque de ma vie… j’ai des centaines et des centaines de CD’s, de vinyles et de K7’s, et je ne ressens pas le besoin de découvrir dix nouveaux groupes par semaine. J’ai été très curieux durant mes années formatrices, à fouiller et gratter dans tous les sens, tout ce sur quoi je pouvais mettre la main… ça s’est calmé en vieillissant. Cependant, j’achète encore des disques toutes les semaines, à 99% des disques d’occasions, donc souvent des trucs qui sont sortis il y a quelques années… pour des raisons économiques déjà (pour le prix d’un disque neuf je peux en avoir trois ou quatre d’occasion!), mais aussi parce que j’aime creuser et rechercher des disques de groupes que j’ai écoutés il y a quelques années, me faire l’intégrale de leurs discographies, essayer des trucs que j’avais négligés à l’époque,  découvrir dans quoi les musiciens de ces groupes ont joué ensuite (ou même avant !), et plus globalement faire le tour de plusieurs « scènes » et plusieurs styles, en creusant à fond. Pour ce qui est du rock – de la musique à guitares pour synthétiser -, disons le clairement : tout a été fait. Si je veux écouter du metal, j’écoute du death, du thrash et du crossover de la grande époque (fin 80/début 90), il y a des centaines de groupes, et beaucoup d’excellents albums oubliés et mésestimés… je ne suis pas intéressé par les groupes revivalistes qui singent à l’identique ces styles, qui font du « neo » old school, du retro thrash ou des copies carbones de death à l’ancienne. Autant écouter les groupes qui ont joué un rôle important durant la période où le genre a explosé, que ce soit les plus « gros » groupes ou les plus obscurs. Idem pour les autres genres musicaux. J’écoute aussi beaucoup de hardcore (c’est peut-être d’ailleurs dans ce style que je tolère le plus les courants revivalistes), mais aussi du pur rock and roll, du rockabilly, du psychobilly, de la pop anglaise des années 80/90, des groupes indés/grunge/alternatifs des années 90, du punk rock, mais aussi de l’indus des années 80/90, du hip hop (jusqu’à la fin des années 90, ensuite le style, tout comme le metal, a évolué d’une manière qui ne me satisfait pas)… j’écoute aussi un peu de jazz, de la surf music, quelques trucs français (Bashung, par exemple, parmi tant d’autres), etc. Si je ne me contentais que d’un seul style – comme pas mal de gens – j’aurais davantage de temps à consacrer aux nouveautés… mais en écoutant beaucoup de choses, et en essayant de comprendre d’où vient chaque style, dans un élan « complétiste », ça laisse peu de place pour les groupes modernes… lesquels, il faut bien le reconnaître, se contentent à 95% de dupliquer des recettes qui ont déjà fait leur preuves, mais sans la fraîcheur (forcément, avec trente ans de retard, voire plus !) ni l’esprit inhérent aux origines des styles singés. Et je m’intéresse également énormément au cinéma, à la littérature et à la bande-dessinée… c’est aussi très chronophage ! Je suis encore comblé par tout ce que j’écoute,  et j’ai vraiment la sensation que  le puits des découvertes est sans fond… et on peut « découvrir » uniquement des vieilleries, aucun problème. La découverte n’est pas forcément liée à la « nouveauté ». L’actualité, le monde qui tourne trop vite, l’air du temps : ça n’a pas prise sur moi.
Et, de temps en temps, je me lance quelques petits challenges : par exemple cette semaine, lors d’un trip rangement dans mon appartement,  j’ai décidé de réécouter TOUTES mes cassettes, les unes après les autres, sans faire l’impasse sur une seule… sachant que j’en ai plusieurs centaines… des cassettes que j’ai, pour certaines, depuis plus de 30 ans… ça me replonge dans le mood d’une époque, et ça me permet de redécouvrir et de revalider –pour le meilleur et pour le pire- des albums qui ont été importants pour moi à une époque ou une autre. Je trouve ça vachement plus stimulant, fun et sain que de se faire une play-list à l’aveuglette sur Spotify. Mais ce n’est que mon avis.

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