Les Hellbats et moi, ça doit bien faire au moins 15 ans qu’on se suit (enfin surtout moi), depuis un concert mythique dans un bar de Lons Le Saunier. Et après autant d’année, c’est comme un vieux couple, on trouve toujours des trucs à se reprocher (encore moi surtout), pourquoi si peu d’album ? pourquoi moins de live ? et bien aujourd’hui je peux poser mes questions à l’occasion de la sortie du nouveau EP !
1/Éternelle question de début d’interview, peux tu nous faire une bio du genre, qui ? quand ? où ? pourquoi ?
Pour faire court, Hellbats est un power trio originaire de Montbéliard, à la croisée de l’horror-rock, du psychobilly, du heavy rock et du hardcore.
Après plus de 18 années d’existence, quatre albums et plusieurs EP, de nombreux concerts dans toute l’Europe, les Etats-Unis et le Canada (Les Eurockéennes, Impetus Festival, Kicking Fest’, The Knitting Factory à Los Angeles…) nous sortons un nouvel EP le 1er Février sur les labels Productions Impossible Records, Kicking Records & Devil Rats Records.
Tom Toxic (batteur) et moi-même Elie (guitare/chant) sommes le noyau dur du groupe, et nous avons joué avec différents bassistes et contrebassistes à travers les années.
Aujourd’hui, c’est Franz (Demon Vendetta,The Black Zombie Procession, ex Nedgeva) qui occupe le poste de bassiste dans le groupe et qui apporte à son tour une pierre à l’édifice.
2/Je crois avoir commencé à vous suivre en 2005 ou 2006, sur la tournée « Dark’n’Mighty », c’était d’ailleurs avec Hawaï Samurai si je ne dis pas de bêtise ? Quel souvenir gardes-tu de cette époque ? Soyons franc, ça reste mon album préféré !
Effectivement, sous l’impulsion des Productions de l’Impossible (Association dont je fais toujours parti aujourd’hui) et notamment de Philippe dit « Le Chef » fondateur du label Productions Impossible Records, nous partagions régulièrement la scène avec Hawaii Samurai, mais également Two Tone Club et Kryptonix.
Je garde un très bon souvenir de cette époque car tout était à faire (bien que tout reste à faire aujourd’hui encore !).
« Dark’n’Mighty » est un disque que j’aime beaucoup, c’est le premier véritable album que nous avons enregistré et c’est surtout celui qui nous a permis de faire nos premiers pas à l’étranger et de signer sur un label américain. Nous n’oublierons jamais ces instants privilégiés avec Nico (Elek’Nick), c’était un grand musicien et un frère pour nous.
D’ailleurs, j’en profite pour rendre hommage à Lucas Trouble alias le Kaiser qui avait enregistré cet album et qui nous a quitté il y a peu de temps, je vous conseille sa biographie qui vient de sortir chez Camion Blanc intitulé « L’Empereur du son analogique ».
On revient souvent au tout premier album d’un groupe car il contient les fondements de sa musique, mais je suis aujourd’hui tourné vers le présent (voire le futur) et pour moi « How We Learn To Die »et la suite logique de tout ce qu’on pu faire par le passé.
3/Cette année 2005 a vu aussi votre tournée américaine, 8000 km dans une Mercury V8, qui a donné quelques années après le dvd « 5000 miles in the midwest ». Ne l’ayant pas encore vu, peux-tu nous en parler ? Est-ce que revoir Elek Nick n’a pas été trop difficile ?
Ce documentaire raconte l’histoire de notre tournée à travers l’Ouest américain pour promouvoir la sortie de notre album « Dark’n’Mighty » sur le label texan HairBall8 Records.
Il a été réalisé par Elek’Vins, un jeune cinéaste et ami de longue date qui nous a suivis et filmés tout au long de notre périple de San Antonio au Texas à Los Angeles en Californie.
Sur notre route nous avons croisé le chemin de nombreux groupes et musiciens, la plupart issus de la scène psychobilly et horror punk comme The Meteors, Tiger Army, et notre vieil ami Rick Tanner des excellents Hellbillys qui a fait un bout de chemin avec nous en Californie.
Nous n’aurons malheureusement pas l’occasion d’y retourner un an plus tard comme convenu avec notre label car Nico nous quittera quelques mois après notre retour.
Je précise que ce DVD a mis 10 ans à sortir car il a été très difficile pour nous de revoir des images de Nico et de se replonger dans le passé. Mais nous tenions à ce que ce documentaire voit le jour, car avant d’être le témoignage d’une époque, c’était surtout pour nous l’occasion de rendre un dernier hommage à Nico, dix ans après sa disparition.
4/Son absence fut comblée (dans le groupe en tout cas) par plusieurs bassistes/contrebassistes, est ce que vous avez maintenant quelqu’un qui tient les 4 cordes de façon définitive ?
« Comblée » ce n’est pas vraiment le mot que j’utiliserais. Nico est irremplaçable, c’est d’ailleurs pourquoi on s’est tournés vers un bassiste après sa disparition.
On voulait passer à autre chose, c’est pourquoi on a joué avec Nasty Samy*(Demon Vendetta, The Black Zombie Procession Second Rate, HawaiI Samurai…) sur l’album Unleashed’n’Alive en 2007 puis avec Adrien Lederer (Cowards, Ex : Hangman’s Chair) sur l’album « One Minute Suicide » en 2009.
Puis, nous avons recruté Blondo (Skarekrows, ex Astro Zombies) car nous voulions rejouer avec un contrebassiste, et revenir à ce qui nous a donné goût à la musique 20 ans plus tôt.
Durant cette période, nous avons à nouveau partagé la scène avec de nombreux groupes issus de la scène psychobilly comme The Meteors, Demented Are Go ou encore Mad Sin.
Nous avons enregistré notre précédent EP « Kiss Your World Goodbye » et un Split 45 tours en compagnie de The Irradiates en hommage à la vierge de fer avec Blondo à la contrebasse.
Comme précisé plus haut, c’est Franz (Demon Vendetta,The Black Zombie Procession, ex Nedgeva) qui occupe le poste de bassiste dans le groupe aujourd’hui, on le connaît depuis de nombreuses années et je pense qu’on a trouvé un bon équilibre tous les trois.
*J’ai d’ailleurs récemment collaboré à nouveau avec Nasty Samy et enregistré 2 disques avec The Black Zombie Procession « Vol III the joys of being black at heart » et « IV : Heca-tomb ». On partage une passion commune pour la culture horrifique au sens large avec Sam et j’ai pris beaucoup de plaisir à chanter dans ce groupe que je vous conseille !
5/Le dernier album date de 2009, depuis 1 Ep + 1 split avec The Irradiates, j’avoue je m’attendais à un album !! On devra se contenter d’un EP qui contient quand même 5 titres !! Peux-tu nous parler de ce nouveau cd ? son enregistrement, ses influences, …
« How We Learn To Die » est la suite directe de notre précédent EP qui s’intitulait « Kiss Your World Goodbye ». Ces deux disques sont complémentaires et fonctionnent comme une seule et même pièce. De la pochette, aux paroles, aux titres des morceaux et au tracklisting, tout est lié entre ces 2 disques.
Le refrain du morceau « How We Learn To Die » résume à lui seul cette idée :
« Kiss Your World Good Bye, Let Me Show You How We Learn To Die »
Cette nouvelle production ne sortira d’ailleurs pas en CD, mais en vinyle (Maxi 45 Tours) tout comme son prédécesseur.
L’idée première était de sortir un album avec une face jouée à la contrebasse et l’autre face jouée à la basse.
Comme pour la plupart de nos précédentes productions, ce dernier disque a été enregistré en compagnie de Francis Caste cet été au Studio Sainte-Marthe à Paris.
C’est le disque sur lequel j’ai pris le plus de plaisir à produire, on commence à très bien se connaître avec Francis et il sait exactement ce que nous voulons.
De « No Surrender » de Kickback au dernier album d’Hangman’s Chair, il a su se renouveler et progresse constamment, c’est un réel plaisir de travailler avec lui.
Nos influences sur ce disque sont très diverses, on écoute aussi bien du rockabilly que de la pop ou du black metal. Je peux te citer quelques disques qui ont beaucoup tourné sur nos platines dernièrement, c’est peut-être plus parlant :
« Rockability » de Crazy Cavan And The Rhythm Rockers , « Kodama » d’Alcest , « Ringleader of the Tormentors » de Morrissey , « Last Of The Human Being » de The Quakes, « Bad Bad Boys » de Breathless, « Ótta » de Sólstafir , « The Things We Do to Find People Who Feel Like Us » de Beach Slang, « Spectre » de Laibach, « Art Angels » de Grimes, « Lost Words » de Deniz Tek,. Et bien évidemment la discographie complète de Type O Negative, de Danzig, de Chris Isaak, de Batmobile et de Roy Orbison. J’oubliais la filmographie complète de Sam Peckinpah !
6/Pour être franc, je l’ai trouvé plus calme que les précédents cd mais en même temps bien plus sombre ? je ne pense pas qu’Hellbats se soit assagi mais tu sembles plus résigné sur ce monde ? qu’en penses-tu ?
Ce n’était pas réfléchi de notre part de ralentir les tempos, ça s’est fait naturellement.
On privilégie de plus en plus l’ambiance générale et la spontanéité, l’émotion prime sur tout le reste.
Notre précédent disque s’intitulait « Kiss Your World Good Bye », je pense que le message était déjà clair à l’époque et cette mélancolie a toujours fait partie intégrante de notre musique, et il me semble que l’on n’a jamais été les champions de la musique festive.
Résigné ce n’est pas le mot, je dirais plutôt réaliste.
Je dois reconnaître qu’il est difficile de faire abstraction d’une certaine médiocrité ambiante et du désastre écologique qui nous guette non ?
7/Un Cd ça se défends sur scène, Hellbats est prêt à repartir sur les routes ? Beaucoup de dates de prévues ?
Oui, on va annoncer très prochainement les premières dates de notre tournée.
On vous donne d’ores et déjà rendez-vous vendredi 1er Mars à Besançon avec tRuckks à l’Antonnoir et le Samedi 27 Avril à Belfort à La Poudrière avec Iron Bastards et Rebel Assholes pour la release party de notre nouveau vinyle ! Deux très belles soirées en perspective !
8/Comme tu apparais dans le docu « les disparus de la photo », qu’as-tu pensé de cette expérience ? comme je disais à Jean phi, on ne ressort pas indemne de son visionnage !
Ce documentaire est le témoignage de toute une génération qui s’est dévouée corps et âme à la musique, Jean-Phi a fait un gros boulot pour interviewer tous les acteurs de cette époque foisonnante.
Ce n’est pas simple d’avoir du recul sur ce film, je déteste me voir à l’écran.
La plupart des protagonistes sont encore très actifs aujourd’hui (musiciens, organisateurs de concerts, labels…) ce qui est plutôt rassurant.
Et pour répondre à LA fameuse question, je pense que le rock n’est pas mort, il a juste muté.
9/Encore merci d’être toujours là ! et à bientôt sur les routes !
Merci à toi pour ton soutien depuis bientôt plus de 15 ans, never surrender.
Voici trois liens pour celles et ceux qui souhaitent commander notre nouvel EP « How We Learn To Die » :
http://www.productions-impossible.com/newslabel.php
https://kickingrecords.bigcartel.com/
Enfin, on vient de mettre en ligne un nouveau clip extrait de notre nouvel Ep réalisé par Eric Gendrau :
Les membres :
Maison de disque :
Le routneur :