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Le Hellfest par Théophane, Day 3

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DAY 3

C’est de nouveau sous un soleil très fort que s’entame ce troisième jour de la fête de l’enfer, avec le stoner sudiste de Red Fang qui envoie parfaitement le bois en ce début d’après midi. Rythmique bien plombée, chant habité, riff en acier et beaucoup d’énergie déployée sur scène pour un résultat décoiffant. Assurément le quatuor de l’Oregon a conquis un nouveau public en terre clissonaise. On se décale sur la Main Stage 2 pour voir Dark Tranquility. Pourquoi ? Parce que l’on sait pertinemment que quelles que soient les conditions, le show sera exemplaire. En effet, que ce soit en salle, en plein air, en tête d’affiche ou en soutien d’autres groupes, jamais les suédois ne nous ont déçus et ce n’est pas aujourd’hui que cela va changer. Les pionniers du Death mélodique (un genre que le combo porte toujours contrairement à l’autre pilier du genre qu’est In Flames) sont d’une efficacité redoutable et les 20 ans de carrière du groupe se voient à chaque morceau tant la maîtrise technique et scénique est palpable. Aucune faute de goût ni dans la set-list ni dans l’interprétation et comme toujours les discours, le charisme et la voix de Michael Stanne font mouche (pourtant le bougre doit avoir bien chaud dans sa chemise noire très seyante qui détonne toujours autant avec l’ambiance développé par Dark Tranquility) et confirme tout le bien que l’on pense de ce groupe en live (et aussi sur CD d’ailleurs). Nous allons ensuite sur la Warzone pour un nouveau revival 90’s (l’un des thèmes de cette édition) avec le retour de Snot. Le groupe est connu pour un unique album paru en 1997 et pour l’album Strait Up paru en 2000 qui voyait toute la scène néo Metal rendre hommage à Lynn Strait, chanteur de Snot, décédé dans un accident de voiture en 1998. Bref ce retour avec un nouveau frontman a quelque chose de culte qui ne trompe personne, car l’affluence est à nouveau très importante, même si cette fois, cela reste relativement accessible. Et les fans ont bien fait de ce massé devant la Warzone car Snot est de retour pour en découdre mais aussi pour se faire plaisir en faisant revivre sur scène sa musique. Un vrai retour dans le futur avec ce Néo Metal Groovy a souhait qui rappelle toute la furie de cette scène qui faisait les belles heures de MTV il y a presque 20 ans. Ca bouge, ça saute, ça riff, ça hurle, le tout dans un joyeux bordel organisé qui fait plaisir à voir et à entendre. Un retour gagnant sans aucun doute… Mais qui nous file aussi un bon petit coup de mou (le soleil, la bière, la poussière, cherchez les coupables que vous voulez) qui nous voit assister au show d’Exodus et de A Day To Remember sur les écrans géants tranquillement allongés à l’ombre salvatrice du petit bois (un vrai petit havre de paix au milieu de l’enfer si sympathique du Hell). Un peu de repos ma bonne dame avant d’attaquer la dernière soirée par la face nord… En même temps, avons-nous besoin de tous nos moyens pour regarder un concert de Cavalera Conspiracy ? Nous aurions tendance à dire non tant les dernières prestations de Max (Avec Cavalera ou Soulfly) nous ont en général un peu endormies. Pourtant ce soir, le combo a envie d’en découdre et Max Cavalera semble à peu près en forme. Il a même la dread presque propre (j’ai bien dit presque) c’est pour dire. Attention, pour autant, ce n’est pas un show apocalyptique que nous offre un les frangins Cavalera (toujours soutenus de manière parfaite par un Marc Rizzo qui porte le groupe musicalement depuis des années), juste un concert sympathique qui voit le public attendre uniquement les tubes de Sepultura (qui s’est vraiment intéressé aux derniers albums de CC ou de Soulfly ???) qui permettent à tout le monde d’hurler dans la joie et la bonne humeur. Dommage que des problèmes de sons viennent à nouveau gâcher la fête en abrégeant de manière brutale un « Roots » des familles qui laisse le public frustré de ce dernier plaisir. Une bonne mise en bouche pour la soirée qui nous amène malgré tout à ce constat un peu triste et malheureux : Cavalera Conspiracy, c’est un bon groupe d’apéro : les Ben et Nuts du Metal en fait… Ce n’est évidemment pas le cas d’Epica qui années après années confirme son statut de grand de la scène Metal, notamment grâce à des prestations scéniques de plus en plus convaincantes. En effet, si sur album, la musique des bataves n’a jamais été remise en cause, les concerts n’ont pas toujours été leur point fort, la faute notamment à un son pas toujours exempt de tout reproche, et à Simone Simmons, manquant de charisme. C’est aujourd’hui oublié car la belle rousse harangue le public (qui lui mange littéralement dans la main, charmé par la voix et le sourire de la chanteuse) tout en livrant une prestation impeccable, servi par un son impeccable et une pyrotechnie impeccable (seul Nightwish fera autant, comme si seul le Metal Symphonique avait envie de faire ce genre de show). La set-list est redoutable enchaînant les grands moments et le groupe au complet assure le show. Epica est désormais une machine de guerre parfaitement rodée qui ne fait aucun cadeau. Un concert absolument Epicace (Copyright Anne). Passons ensuite au cas épineux de Limp Bizkit. Jamais ce groupe n’aura aussi bien porté son nom. Oui, ce soir, nous avons droit à un show plus que « mou ». Alors, certes, il paraît qu’il y avait une ambiance de folie dans les premiers rangs. Etant beaucoup plus éloignés de la scène, il est possible que nous n’ayons pas profité comme il se doit de l’atmosphère. Néanmoins, certains d’entre nous attendaient ce groupe sur scène depuis très longtemps et la déception fut malheureusement au rendez-vous. Fred Durst semblait tout droit sorti de sa maison de repos, gavé de Xanax et totalement à la ramasse : très peu de communication avec le public, une voix potable mais une énergie absente quand on s’attendait à le voir jumper partout. Pour résumer mon ressenti, il s’est comporté en parfait connard, collant à la perfection à la plupart des critiques le concernant depuis les débuts. Wes Borland nous sort un costume improbable et il faut lui dire que le look ne fait pas tout. Pire, la set-list dont on se demande si les mecs n’ont pas décidé des titres après une soirée trop arrosée genre « et si on faisait une blague ? ». Parce que, soyons clairs, nous attendions du Limp Bizkit. Qu’on aime ou pas, le groupe a un certain nombre de hits qui auraient pu mettre le feu. Au lieu de cela, nous avons droit à des extraits et des reprises, certes très sympas, mais des reprises. Je le répète, nous sommes là pour Limp Bizkit, pas pour Metallica, Megadeth ou encore Rage Against The Machine. Oui, « Killing In The Name » fait toujours son petit effet mais si tu penses que tes titres ne sont pas aussi bons que ceux des autres pour mettre le feu alors arrêtes ta carrière. Trop d’attente entre chaque morceau, ce qui fait retomber le soufflé. Trop de reprises pour un groupe qui aurait pu tout déchirer avec ses propres compos. Certes, nous avons eu « Break Stuff » (un classique), « Take A Look Around » (qui fait toujours son effet) ou encore « Rollin » (qui met l’ambiance) mais il manquait ce petit quelque chose qui aurait pu rendre ces morceaux quasi légendaires. Bref, Limp Bizkit avait la place pour faire de sa prestation un souvenir mémorable comme on en voit parfois en festival, mais ce fut juste raté.

Heureusement In Flames va remettre les pendules à l’heure et justifier à plein régime son statut de tête d’affiche et d’incontournable de Festival Metal. Certes le Death Mélo du début est assez loin, le groupe affiche désormais plus un look d’hipster branché, et parfois Anders Friden a parfois l’impression de s’en foutre un peu. Mais pourtant In Flames est un groupe hyper spectaculaire, aidé en cela par un son et un light show splendide. Le Metal moderne du combo met tout le monde d’accord et met le feu pendant une heure comme pendant ces « Cloud Connected » « The Quiet Place » ou « The Mirror’s Truth » totalement dantesque. Pas vraiment de surprise car nous connaissions le savoir faire des Suédois mais comme avec Dark Tranquility, nous adorons toujours prendre ce genre de baffe. Un vrai plaisir. Nous nous plaçons ensuite pour le concert historique de Korn. Etait-ce un choix judicieux que de jouer l’intégralité du premier album (qui fête ses 20 ans) pendant un festival ? Les fans de la première heure comme moi répondront : on s’en fout ! Une bonne partie du public s’est peut-être ennuyée à entendre des morceaux peu connus mais les autres se sont pris une bonne claque. Avec le retour de Head (guitariste parti il y a quelques années après avoir trouvé Jésus), le groupe retrouve presque sa configuration initiale et les voir interpréter les tubes des débuts nous rappelle notre jeunesse. Alors certes, tout comme nous, les membres de Korn ne l’ont plus vraiment cette jeunesse. Il y a un côté un peu « triste » à voir Jonathan Davis, la quarantaine, essayer de sauter dans son survet Adidas comme il le faisait durant la bonne époque. Mais punaise, il n’y arrive pas trop mal le bougre ! Et les hits s’enchaînant, avec un son correct, on oublie que 20 ans se sont écoulés. Il y a les incontournables comme « Blind » qui ouvre le show en faisant toujours le même effet et qui voit la foule devenir dingue. « Clown » avec ses roulements de batterie incomparables (on ne dira jamais assez l’importance du recrutement de Ray Luzier au poste de batteur dans le retour en grâce de Korn ces dernières années), « Fagget » repris en chœur par le public. Et puis il y a les raretés, très peu jouées sur scène comme « Ball Tongue » mais surtout le très très attendu « Daddy », rejoué pour la deuxième fois seulement en Mars 2015 (la seule fois précédente ayant eu lieu en 1995). Korn ajoutera à sa set list deux morceaux seulement, qui réveilleront un peu tard ceux qui n’étaient pas forcément intéressés par le premier album éponyme et même s’ils n’ont plus 20 ans, ils savent encore, par leur musique, toucher leurs fans et mettre une ambiance de feu. Et c’est déjà parti pour le dernier tour de piste avec Nightwish attendu de pied ferme mais qui ne laissera pas un souvenir impérissable. La faute tout d’abord à un son maigrelet qui laisse à peine entendre les guitares. La faute aussi à une set-list mal choisie qui voit Endless Forms Beautiful se tailler la part du lion avec cinq titres joués. Non pas que cet album soit mauvais mais le public ne l’a pas encore vraiment assimilé et l’on aurait volontiers pris deux tubes plus anciens à la place. La présence de long (mais néanmoins sublime) « Ghost Love Score » fait aussi retombée la sauce avec sa longue partie musicale joué par des bandes. La faute aussi à un groupe peu impliqué en début de show. Tuomas Holopainen a clairement l’air de s’emmerder derrière ses claviers, tandis qu’Emppu Vuorinen et Marco Hietala assure le service minimum. Derrière les fûts, Kai Hahto s’en sort avec les honneurs, même si comme pour Slipknot il n’a pas la classe et la présence sonore de Jukka Nevalainen (c’est fou comme l’importance d’un batteur dans un groupe apparaît quand il en est absent). Mais heureusement, la meilleure idée qu’à eu Nightwish ces dernières années, c’est d’avoir recruter Floor Jansen. La chanteuse interprète ses parties avec brio et le moindre des ses sourires emporte l’adhésion des fans. Quel présence, quel charisme, elle porte le show a elle toute seule. Sa voix permet aussi au groupe de plonger a nouveau dans Oceanborn avec un « Stargazer » (que nous avions malgré tout déjà entendu récemment, car Tarja joue aussi ce titre sur scène), qui fait toujours son petit effet. Dans le sillon de sa frontwoman d’exception, Nightwish enclenche enfin la surmultiplié pour une dernière demi heure de folie qui voit le show enfin décoller aidé par une belle pyrotechnie. Cela sauve ce concert et nous donne envie de revoir le groupe cet automne sur scène, en espérant qu’il ne faille pas attendre le dernier tiers du spectacle pour prendre enfin son pied. Une fin de festival un peu en dent de scie à cause de Nightwish qui n’occulte évidemment pas la réussite de cette édition anniversaire qui aura vu de grands moments (notamment ce feu d’artifice légendaire) et nous laissera d’excellent souvenir. See You Next Year (en fonction de l’affiche, car même si les billets sont déjà en vente, nous refusons d’acheter avant de voir à quelle sauce on sera mangé) pour la reformation des Gun’s (on peut toujours y croire) !!!!

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