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Le Hellfest par Théophane, Day 2

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Day 2

Sous un soleil de plomb, nous décidons de zapper un peu le début de journée pour aller faire un tour à Clisson. Où l’on y visite un château en ruine (accès gratuit pendant tout le festival), où l’on y déguste des escargots pour aider des jeunes à partir en voyage à l’étranger, où l’on y mange une pizza Hellfest, où l’on visite une église dans laquelle un monsieur prie en chantant tandis que dans la rue résonne une musique aux relents punks prononcés (contraste saisissant mais ô combien sympathique), où l’on croise Métalleux, touriste et clissonais qui se partage les rues ans la joie et la bonne humeur… Retour sur le site pour voir les Backyard Babies, dont on attendait beaucoup et certainement un peu trop. Car le combo Hard Rock a normalement une patate incroyable et des tubes imparables (« Brand New Hate » et « Minus Celsius » en tête) mais ici les musiciens ont du mal à enclencher la deuxième. Ils semblent fatigués et malgré leur envie de donner un bon show, le groupe reste désespéramment en dessous de sa réputation. Ils ont de bien belles chemises, mais ça reste mou. Ce qui heureusement ne sera pas le cas d’un Airbourne des grands jours. Car ces dernières années, à force de tournée intensive, Airbourne avait un peu perdu de sa fougue juvénile. Mais en ce bel après midi, nous retrouvons les australiens comme au premier jour. Déchaînés, enchaînant les moments de bravoure, voila qui fait bien plaisir. Ca joue sévère, tout en courant partout, tout en haranguant la foule (les Papes du Hard Rock sont définitivement australien), tout en buvant des bières, tout en pondant des solos et des rythmiques imparables, bref le pied total mais ça c’était avant le drame : une coupure son d’une dizaine de minutes qui casse le rythme (et qui donne a voir des scènes cocasses car les membres d’Airbourne ayant des retours dans les oreilles ne se sont pas rendus compte tout de suite qu’on ne les entendait plus. Du Air Guitar inversé en somme). La sono commence donc à faire des siennes (et ce n’est pas fini) mais une fois réparée rien ne peut empêcher le combo de revenir nous asséner ses hymnes en fin de ce concert mémorable. Un petit tour sur la Valley s’impose pour aller voir nos chouchous du Funeral Doom, en l’occurrence Ahab. Il faut bien avouer que mêmes si les rythmiques de plomb, les ambiances maritimes, les riffs possédés ou encore les accélérations Black Metal, rares mais toujours bienvenues, sont bien au rendez-vous, il nous est difficile de rentrer dans l’ambiance du show. Ahab souffre un peu des conditions caniculaires et l’on préférera garder à l’idée que ce combo mérite une autre chance, dans d’autres conditions. Malgré tout pour son deuxième concert français, les allemands n’auront pas démérités. Un petit retour sur la Main Stage 2 pour apercevoir la fin du show des « Mamys » du Punk Rock anglais avec les L7. Et force est de constater que ça envoie toujours sévère après ces années. Simple et efficace, la musique des anglaises ne s’embarrasse d’aucune fioriture et va à l’essentiel et cela passe très bien en cette fin d’après midi. Un excellent moment de festival en somme. Mais le plaisir monte largement d’un cran dès que nous tournons la tête pou regarder la Main Stage 1 car Slash, Myles Kennedy et leur Conspirators envahissent la scène et nous assène une claque magistrale. Slash est impérial (mais qui en doutait) et décoche même quelques sourires et quelques Thanks (ça c’était moins évident, tant le guitariste semble réservé et concentré sur son jeu), mais c’est surtout Myles Kennedy qui impressionne tant par sa voix que par son charisme. Débarrassé du jeu de guitare (contrairement à son autre groupe Alter Bridge), il est plus à l’aise qu’auparavant en tant que frontman du groupe. Aucune chanson de la carrière de Slash ne semble lui faire peur, même si comme d’habitude ce sont les tubes des Gun’s (comme « Nightrain », « Sweet Child O’ Mine » ou encore « Paradise City » pour un final sublime ») qui déclenche les plus grosses réactions du public. Mais les autres morceaux s’insèrent parfaitement et prouve que les albums de Slash sont aussi d’un très haut niveau. Nous venons assurément de vivre l’un des plus beaux show de ce Hellfest en cet fin d’après midi et c’est avec une banane incroyable que nous nous apprêtons à partir vers la Warzone pour le concert de Body Count : un voyage qui n’aboutira jamais… Car, et c’est là le seul gros point noir du Hellfest : la Warzone est pratiquement inaccessible lors des gros shows sur cette scène. Cela a été le cas avec les Ramoneurs de Menhir (ce qui est plutôt surprenant), mais encore plus avec Body Count (ce qui est beaucoup moins surprenant). Car il était évident que le retour du groupe après tant d’années d’absence allait susciter une grande curiosité et attirer du monde. Et c’est bien simple, l’allée menant à la scène est bondée et dès que les gens arrivent à voir un tant soit peu la scène (l’installation d’un écran géant sur cette scène serait une excellente idée), ils s’arrêtent et encombrent encore plus le passage. Bref c’est impossible d’avancer (à moins de jouer des coudes pendant 30 minutes) et il faudra clairement penser à une réorganisation dans le future : soit un accès bien plus large (le top serait que cet accès ne se fasse pas par le côté de la scène) soit en programmant les gros groupes de cette scène sur les Main Stage en sacrifiant au sacro-saint principe  1 scène 1 style car il est sur que Body Count aurait mis le feu au Main Stage en plein après midi sans aucun souci et cela aurait évité pas mal de frustration… Nous retournons donc devant les Main Stage pour voir la fin d’un concert de Killing Joke qui à l’air carrément décevant et nous nous plaçons tranquillement pour écouter ZZ Top, qui s’avère être le groupe idéal pour siroter quelques bières à l’heure de l’apéro tandis que le soleil descend tranquillement dans le ciel clissonais. Car s’il ne se passe pas grand-chose sur scène (à part quelques pas synchronisés, et des set guitares/basses assorties, jusqu’aux fameuses guitares moumoutes en fourrures), on prend quand même notre pied à écouter ces légendes du rock. Les voix rocailleuses n’ont rien perdues de leur superbe et le concert monte lentement jusqu’à « La Grange » et son riff historique. Car si le rock devait se résumer à quelques riff, celui de « La Grange » en ferait assurément partie et rien que pour ce moment, où le public scande chaque note avec délice, ce concert est excellent… Mais ce qui se prépare s’annonce encore plus énorme car Faith No More va certainement donner l’un des tout meilleur concert (si ce n’est le meilleur) de cette édition 2015 du Hellfest. Mike Patton l’annonce assez vite : « Fucking Hellfest, nous sommes la pour vous emporter au Paradis !! ». Et le bougre a parfaitement raison tant Faith No More va réussir sa mission. Tout de blanc vêtu (même les roadies installant la scène étaient en blanc) et sur une scène extrêmement fleurie (l’Interflora de Clisson a du apprécier la commande), les musiciens vont nous donner une leçon exemplaire et réaffirmer à la face du monde quel combo incroyable ils forment. Servi par un son clair et précis, ces cinq là alignent les morceaux comme d’autres enfilent des perles et passe sans vergogne des titres les plus extrêmes à du registre plus calme. Sans sourciller, Mike Patton enchaîne les moments de gloire, passant du growl au registre du séducteur avec une aisance à peine croyable. Le Crooner Growlant, c’est lui. Et le public se déchaîne, réalisant bien à quel moment incroyable il est en train d’assister face à ce combo historique qui en moins d’une heure et demi nous montre à quel point il a été influent sur le Metal des années 90, 2000 et même 2010. Revenu d’entre les morts avec un nouvel album sorti ce printemps, Faith No More s’éclate en nous donnant cette claque et cerise sur le gâteau, Mike Patton n’a plus rien du connard arrogant qu’il a pu être par le passé (son échange de maillot avec un gars de la sécurité en atteste) et les sourires arborés par le combo attestent du plaisir qu’il prends, entraînant avec lui des milliers de fans et de curieux malgré le côté parfois ardu de certaines compositions. Magistral et unique, tout simplement… Et après ce concert flamboyant, quoi de mieux qu’un énorme feu d’artifice pour célébrer les 10 ans du Hellfest ? Car le ciel de Clisson va littéralement s’embraser au son d’ACDC, de Queen (Ah, ce « Bohemian Rhapsody » repris en chœurs à la mode Wayne’s World) ou encore de Slayer pour un bouquet final dantesque sur « Raining Blood ». Une explosion pyrotechnique grandiose qui n’a rien à envier à celle du 14 juillet. La fête nationale du Métalleux vient de trouver sa date….Idéal pour se préparer à la venue de Scorpions qui va lui aussi exploser la grande scène avec un show de lumière et de son monstrueux, à coup de light et d’écran géant pour un rendu visuel bluffant. Tellement fort, que la sono va de nouveau faire des siennes en plein milieu du show, nous laissant un peu sur notre faim. Heureusement cette fois-ci, les techniciens ont très vite réagi pour que le show ne perde pas en rythme. Le contraire aurait été bien dommage, tant les Scorps se donnent sur scène. Klaus Meine a retrouvé une voix du tonnerre et 50 ans après da création, le combo prouve qu’il a encore des choses à dire et à jouer (et surtout du plaisir à prendre). On pourra juste regretter une set-list faite pour les fans qui ont vu le groupe de nombreuses fois sur scène ces dernières années, du coup de nombreux tubes passent à la trappe, mais c’est être pointilleux avec ce groupe tant ce concert reste mémorable. Un petit tour de tête et nous nous plaçons pour Marilyn Manson, dont soyons francs, nous n’attendions pas grand-chose, un peu échaudés par les prestations moyennes que nous avions vues ces dernières années. Et du coup quel fut notre surprise en constatant à la fin du show que nous n’avions pas vu le révérend aussi convaincant depuis au bas mot 15 ans. Dans un registre plus apaisé, Marilyn Manson a semble-t-il trouvé le parfait compromis entre le côté malsain des premières années et le personnage plus propre qu’il est depuis quelques temps. En revenant aussi à une atmosphère plus froide, Manson joue parfaitement son rôle, à la fois hautain et distant mais aussi meneur d’homme et de foule. Mais c’est surtout musicalement qu’il convainc, aidé en ça par un backing band parfait dans l’interprétation, et aussi par deux derniers albums bien meilleur que ceux servi à la fin des années 2000. Du coup la set-list est parfaitement équilibré et le révérend s’en donne à cœur joie sur un final explosif constitué de l’enchaînement fatal « Rock Is Dead », « The Dope Show », « Antichrist Superstar » et « The Beautiful People » qui nous rassure sur l’avenir de la carrière de ce personnage hors norme et qui nous laisse KO. Une bonne nuitée et tout ira bien pour affronter la journée d’enfer du Hellfest.

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